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À l'appel de la Marche des Solidarités nos collectifs, associations, partis politiques et syndicats appellent à la mobilisation, à la grève et à une marche antiraciste le jeudi 18 décembre, journée internationale des migrant·es.
📢🔥 Jeudi 18 décembre - Toulouse
14h - Projection & discussion "Les petites mains invisibles"
📍La chapelle - 36 rue Danielle Casanova
16h - AG antiraciste
📍La chapelle - 36 rue Danielle Casanova
18h30 - Manifestation 📢
📍RDV Conseil départemental de la Haute-Garonne - 1 bd de la Marquette
Texte d'appel
À l'appel de la Marche des Solidarités, nos collectifs, associations, partis politiques et syndicats appellent à la mobilisation, à la grève et à une marche antiraciste le jeudi 18 décembre, Journée internationale des migrant·es.
L'appareil d'État s'organise depuis des années pour rendre la vie impossible aux personnes étrangères en votant régulièrement des lois contre l'immigration afin de réprimer, enfermer et expulser les personnes du territoire français.
En 2025, c'est près de 6 500 places d'hébergement pour demandeur.euse.s d'asile qui ont été supprimées, des rafles de personnes sans-papiers à l'échelle nationale et des expulsions toujours plus nombreuses de familles et d'enfants sont organisées. Des dizaines de milliers de personnes sont mortes ces dernières années, en méditerranée, dans la manche, à Mayotte, conséquence directe des politiques migratoires racistes françaises et européennes, qui renforcent la militarisation des frontières, développent leur externalisation et traquent les exilé.es au sein et à l'extérieur de l'UE.
En parallèle, les procédures de régularisation se complexifient pour créer de plus en plus de personnes sans-papiers qui occupent les emplois les plus pénibles et les plus précaires. L'utilisation massive par les préfectures du motif arbitraire que constitue « la menace à l'ordre publique » pour justifier l'enfermement en Centre de Rétention Administratif (CRA) et l'expulsion, vient s'ajouter à des obligations de quitter le territoire français (OQTF) de plus en plus difficiles à contester.
L'État mène également une guerre ouverte contre les mineur-es isolé-es étranger-es. Ces jeunes sont soumis.es a des "évaluations de minorité" racistes dont l'objectif est clair : en écarter un maximum de l'Aide Sociale à l'Enfance. À Toulouse, le maire et le conseil départemental, se font les relais de ces politiques et lancent régulièrement des procédures d'expulsion contre les jeunes.
Dans les quartiers populaires, la police humilie, terrorise, criminalise, mutile, et tue. C'est tout l'arsenal policier, carcéral et judiciaire qui est déployé pour faire régner l'ordre raciste, islamophobe et colonial de l'État français. Ce continuum colonial se poursuit dans les « outre-mer », notamment à Mayotte qui continue d'être utilisé par la France comme "laboratoire" sur les questions migratoires.
L'impérialisme tue et déplace des millions de personnes à travers le monde, finance et arme des génocides, soutient depuis 77 ans la colonisation de la Palestine, dans le seul but de protéger ses intérêts.
Enfin, ici à Toulouse, nous avons aussi pu assister ces dernières semaines, aux conséquences insupportables de la fascisation à l'œuvre en France aujourd'hui : menaces de mort et propos racistes visant des enfants, retrouvés devant l'école Alfred Musset. Une banderole raciste a également été déployée devant la CAF et une conférence d'extrême droite a été tenue dans un local municipal.
Face à ces attaques, organisons la riposte : par la grève, la solidarité et l'auto-organisation !
Le 18 décembre, mobilisons-nous pour revendiquer :
- La régularisation de toustes les personnes sans-papiers, sans conditions
- La réquisition des logements vides
- La fin des évaluations de minorité
- La fin des CRA et des OQTF
- L'abrogation immédiate de la loi Asile et immigration 2024, des circulaires Retailleau, de toutes les lois racistes
- L'égalité des droits : école, logement, santé, culture, travail
- La justice sociale, contre le racisme, le fascisme et les violences d'État
- La solidarité internationale avec tous les peuples en lutte contre l'impérialisme et le colonialisme.
A propos des récentes émeutes au Maroc, vues depuis un coin de la France
En France l'expression « zbeuler » est désormais généralisée, en particulier parmi toutes celles et ceux qui cherchent à rompre la normalité, celle de l'exploitation au travail, de l'autorité des flics, du patriarcat, etc… Zbeuler c'est désordonner un état de fait que les riches et les puissant.e.s cherchent à imposer aux autres. Linguistiquement l'expression tire son origine du mot arabe « zbel » qui signifie la poubelle, les ordures, et par extension tout ce qui doit être jeter ou éliminer. Au Maroc, ce terme peut vite prendre une connotation sociale, du fait notamment de la popularisation d'un personnage de dessin animé dénommé « Bouzebal ». Littéralement « homme-poubelle », Bouzebal est un jeune galérien de banlieue dont l'ennemi juré est « Kilimini » (contraction phonétique du français « qu'il est mignon » en darija marocaine), un fils de riche incarnant la jeunesse dorée partie étudier à l'étranger et qui parle bien français. Lors des nuits du 30 septembre au 2 octobre dernier près d'une trentaine de villes marocaines, petites et grandes, ont été secouées par un gros zbeul qui semble en grande partie l'œuvre de « bouzebals » comme diraient certain.e.s par mépris de classe, et d'autres en signe de familiarité. Dans tous les cas, bouzebals ou pas, en prenant d'assaut des commissariats et saccageant des banques, tous ces révolté.e.s ont défié l'autorité avec une intensité rarement vue ces derniers temps au Maroc.
Ces deux nuits d'émeutes font suite à une série de rassemblements à travers le pays, à commencer par celui tenu devant l'hôpital Hassan II d'Agadir le 14 septembre, dénonçant l'état déplorable de l'établissement où huit femmes enceintes sont décédées lors du mois d'août après des césariennes. Une semaine plus tard deux autres rassemblements sont organisés à Tiznit et Essaouira, deux villes proches d'Agadir, lors desquels une dizaine de manifestant.e.s sont interpellé.e.s et relâché.e.s. Puis, sur le réseau social Discord, un collectif se présentant hors de partis ou syndicats, nommé « GenZ212 », en référence à la génération Z née entre 1995 et 2010 et à l'indicatif téléphonique national, appelle à se rassembler pacifiquement le samedi 27 septembre dans plus d'une dizaine de grandes villes du pays, pour exiger des réformes de la santé et de l'éducation et contre la corruption, « par amour de la patrie et du roi ».
A Rabat, Casablanca, Tanger, Tétouan, Marrakech, Agadir, Meknès, des centaines de personnes se retrouvent dans les rues en criant des slogans comme « Liberté, dignité, justice sociale » et appelant à des réformes. Très vite les flics mettent fin aux rassemblements en nassant les manifestant.e.s et en faisant des dizaines d'interpellations dont 70 rien qu'à Rabat, au motif que les manifs n'étaient pas autorisées. Dans la plupart des cas il s'agit de simples vérifications d'identité et les interpellé.e.s sont libéré.e.s sans poursuites judiciaires.
Le lendemain le collectif renouvelle l'appel et, malgré les nombreuses arrestations de la veille, de nouveaux rassemblements ont lieu dans les grandes villes et d'autres plus petites comme Safi ou Tinghir. A Casablanca, des manifestant.e.s envahissent même une autoroute urbaine et 24 personnes sont interpellées pour entrave à la circulation.
Dans la nuit du 29 au 30 des centaines de personnes bravent une fois de plus l'interdiction de manifester quitte à se faire interpeller. Ce soir-là les flics empêchent tout rassemblement à Casablanca et font une cinquantaine d'arrestations à Rabat ainsi qu'une soixantaine à Marrakech. Dans cette ville rongée par l'industrie du tourisme, des manifestant.e.s déterminé.e.s se sont élancé.e.s en manif sauvage en criant « Le peuple veut la fin de la corruption », principal mot d'ordre du mouvement, mais aussi « Vive le peuple », un slogan qui, dans cette société vivant sous le joug d'une monarchie détenant tous les pouvoirs, sonne comme une manière subversive de détourner le sempiternel « Vive le roi ».
Deux nuits de zbeul généralisé
Dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre le mouvement prend des formes émeutières spontanées qui débordent complètement les appels du collectif GenZ212 dans une vingtaine de villes, souvent en périphérie des grandes agglomérations mais aussi dans de petites villes plus isolées. A Nador, Errachidia, Berkane, Béni Mellal, Tiznit, Kénitra, Khénifra, Guelmim, Rabat, Meknès, Ouarzazate, Casablanca, Fès, Agadir, Témara, Skhirat, des manifs sauvages parcourent les rues et souvent les forces auxiliaires (flics anti-émeutes) se prennent des jets de pierre bien mérités.
Ailleurs la révolte prend une tournure plus compliquée pour les autorités qui doivent faire face à des centaines d'émeutier.e.s. A Inezgane, en banlieue d'Agadir, trois caisses de flics sont défoncées, une agence d'assurance et trois banques sont attaquées, une agence de la poste du Maroc est incendiée, un supermarché Marjane est éventré et des bijouteries sont pillées. A Ait Amira, une petite ville de 50 000 habitants au sud d'Agadir, la gendarmerie royale perd 12 bagnoles dont certaines sont complètement incendiées, et plusieurs banques sont défoncées dans une liesse collective.
A l'autre bout du pays, dans la ville d'Oujda, les flics se font copieusement caillassés, mais ces ordures tentent de reprendre le contrôle en fonçant dans la foule avec leurs camions, causant au moins un blessé grave qui a perdu une jambe. Au total, pour cette seule nuit du 30 au 1er, les autorités annoncent que 142 voitures de police auraient subi des dégâts.
Dans la nuit du 1er au 2 octobre, alors que le ministère de l'intérieur finit par autoriser les sit-in appelés par le collectif GenZ212, des émeutier.e.s attaquent l'autorité et le capital là où ils se trouvent, souvent bien loin des lieux officiels de rassemblement. La révolte gagne de nouvelles villes avec une intensité plus forte que la nuit précédente.
A Salé, ville pauvre qui jouxte Rabat la capitale, après des affrontements avec les keufs, deux caisses de la sûreté nationale y finissent calcinées, une banque est cramée dans le quartier Al Amal, plusieurs autres perdent leur vitrine ainsi que deux agences de transfert, puis la devanture d'un supermarché Carrefour est défoncée sur la route de Kénitra.
A Marrakech, alors qu'une marche prend forme dans les rues du centre, à l'autre bout de la ville les forces auxiliaires perdent le contrôle du quartier Sidi Youssef Ben Ali, par ailleurs connu pour avoir été un foyer d'insurrection contre les autorités coloniales françaises dans les années 50. Environ 200 personnes, majoritairement très jeunes, arrosent de pierres et de bouteilles les forces auxiliaires postées à l'entrée du quartier. Le comico du coin est ensuite incendié, une banque pillée, deux agences de transfert saccagées. Il faudra toute la nuit aux flics pour reprendre le contrôle de la zone.
A Tamansourt, une bourgade à quelques kilomètres au Nord de Marrakech, la gendarmerie est incendiée. Plus loin sur la côte atlantique, à El Jadida, une manif sauvage met le zbeul sur la corniche, notamment en cassant des voitures. A Taroudant, des manifestant.e.s attaquent la préfecture et commencent à incendier la porte du bâtiment. A Kelaat M'Gouna, petite ville plus isolée au Sud des montagnes du Haut Atlas, il y a aussi du grabuge dans les rues avec des incendies et de la casse.
Et puis, à Leqliaa, en banlieue Sud d'Agadir, un poste de la gendarmerie royale est attaqué par des dizaines de personnes. Les grilles de l'entrée sont arrachées, un 4x4 sorti, des motos brûlées, et le feu mis à plusieurs endroits du bâtiment. Des flics, en partie réfugiés à l'intérieur, finissent par tirer dans la foule à balles réelles, assassinant trois personnes et faisant plusieurs blessé.e.s. Le ministère de l'intérieur annonce que 3 policiers ont été grièvement blessés dans l'attaque.
La justice à plein régime pour enfermer à tour de bras...
Le 2 octobre, un communiqué signé au nom du collectif Genz212 rejette « toute forme de violence ou de vandalisme » et il est décidé, suite à un vote sur Discord auquel ont participé plus de 15 000 personnes, de continuer les rassemblements en les limitant à des horaires fixes de 17h à 20h, et en déplaçant les lieux de rendez-vous sur des grandes places plus éloignées des quartiers populaires « pour éviter de graves incidents avec les flics ». Une campagne de nettoyage des rues est même organisée le 6 octobre avec photos à l'appui. Après cet appel au calme, le collectif se désolidarise des émeutier.e.s dans une lettre adressée au roi. Le texte comprend huit revendications dont la principale est la démission du gouvernement d'Aziz Akhannouch, le premier ministre, tandis qu'une autre, un peu plus loin dans la liste, exige la libération et l'abandon des poursuites judiciaires pour tou.te.s les détenu.e.s lié.e.s aux protestations pacifiques, sauf « ceux dont l'implication dans des actes de sabotage a été prouvée »…
Le soir du 2 octobre, dans le quartier Sidi Youssef Ben Ali à Marrakech, nombreu.ses.x sont celleux qui ne voulaient pas s'arrêter malgré la répression. De nouveau les flics se sont fait caillasser, une banque a été saccagée et des commerces défoncés. On imagine qu'ailleurs aussi, parmi celles et ceux sorties dans les rues les soirs précédents, beaucoup n'avaient pas envie de rester sages. Il semble pourtant que la normalité ait repris le dessus à partir du 3 octobre, même si le collectif GenZ212 a continué d'appeler à se rassembler dans les grandes villes, réunissant quelques dizaines de manifestant.e.s à chaque endroit.
Au total, dans l'ensemble du pays, des milliers de personnes ont été arrêtées lors des rassemblements et émeutes, ainsi que les jours suivants, à l'issue d'enquêtes souvent basées sur des photos et vidéos circulant sur internet. Plus de 2400 d'entre elles ont été poursuivies par la justice, certaines ont déjà été condamnées à de très lourdes peines de prison, et des centaines attendent toujours leur procès, soit en détention préventive, soit en liberté provisoire après paiement d'une caution qui atteint généralement 2000 à 5000 dirhams (200 à 500 euros).
Quelques dossiers et chiffres sortis dans la presse donnent une idée du carnage judiciaire en cours :
• A Agadir, le 14 octobre, 17 personnes ont été condamnées à de la prison ferme pour des faits commis à Ait Amira dans la nuit du 1er au 2 octobre. Elles étaient poursuivies notamment pour « destruction de biens publics et privés », « vol en réunion », « incendies volontaires » et « violences contre les forces de l'ordre ». Trois ont été condamnées à 15 ans de prison ferme, un à 12 ans, neuf à 10 ans, un à 5 ans, un à 4 ans et deux à 3 ans.
• A Ouarzazate, 6 personnes de Kelaat M'Gouna étaient poursuivies pour « incendie volontaire », « dégradation de biens publics et privés », « entrave à la circulation », « violences contre les forces de l'ordre ». Trois d'entre elles ont été condamnées à 4 ans fermes, deux autres à 2 ans et le dernier à 1 an.
• A Oujda près d'une soixantaine de personnes ont été poursuivies pour « violence envers les forces de l'ordre » et « participation à des attroupements nocturnes armés », et 17 autres pour « formation d'une bande criminelle », « attroupement armé » et « organisation d'une manifestation non autorisée », « possession d'armes blanches », « dégradations de biens publics et privés » et « agressions contre les forces de l'ordre ». Fin octobre, 8 d'entre elles ont été condamnées à des peines de prison ferme d'une durée de 15 à 18 mois, tandis que 7 autres ont pris du sursis.
• A Agadir et Casablanca, deux personnes ont été condamnées à 4 et 5 ans de prison ferme pour « incitation à commettre des délits et crimes via les réseaux sociaux ».
• À Marrakech, 26 personnes ont été poursuivies dans six dossiers pour « violences envers les forces de l'ordre », « participation à un attroupement armé », « incitation en ligne », « dégradation de biens publics et privés », et « possession d'armes blanches ».
• A Kénitra, 17 personnes, dont 9 mineurs, ont été poursuivies pour « pillages », « destructions de biens publics et privés », « incendies volontaires ».
• A Rabat, plusieurs personnes ont été poursuivies pour « attroupement armé » et « outrage aux symboles du Royaume ».
Un roi qui semble toujours hors d'atteinte
Le 8 octobre, une soixantaine d'intellectuels, artistes et militants des droits humains adressent, à leur tour, un courrier au roi, demandant de « traiter les causes profondes et structurelles de la colère ». Les militant.e.s de la GenZ212 attendent désormais « un signe fort » du monarque lors d'un discours qu'il doit tenir le 10 octobre au parlement. La veille, le collectif décide même d'annoncer la « suspension de toutes formes de protestation prévues pour le 10 octobre », « par respect pour sa majesté le roi Mohammed VI que dieu l'assiste et le glorifie ».
Au Maroc, bien qu'il y ait un parlement élu et un premier ministre nommé parmi la formation politique arrivée en tête des élections législatives, le roi, entouré de son cabinet royal, reste seul à la tête du pouvoir. Il préside le conseil des ministres, peut en renvoyer un quand il le souhaite, limoger le chef du gouvernement, dissoudre le parlement, suspendre la constitution, appeler à de nouvelles élections, ou diriger par dahir (décret royal). En plus de son statut politique il est « commandeur des croyants », soit le chef religieux du pays où l'islam est religion d'État. Pour renforcer ce statut, la dynastie des Alaouites, à laquelle appartient la famille royale, se présente comme descendante du prophète Mahomet, rien que ça. Le roi est donc le chef suprême auquel chaque marocain.e doit se soumettre. D'ailleurs chaque année se tient une cérémonie d'allégeance durant laquelle des centaines de hauts fonctionnaires, ministres, dignitaires du régime, députés, élus locaux, hauts gradés de l'armée, de la police et des services de renseignements, se prosternent devant « sa majesté » juchée sur un étalon et protégée du soleil par une ombrelle, le tout retransmis en direct à la télévision.
D'autre part, partout sur le territoire l'autorité du roi, et plus largement celle du « Makhzen », terme très répandu au Maroc pour désigner l'État, est assurée par des moyens de contrôle de la population reposant à la fois sur un appareil administratif et policier classique, et un système de renseignements plus officieux. La moindre critique du roi est quasi inexistante tant ce système diffuse efficacement la crainte du pouvoir. A l'échelle des quartiers, par exemple, des agents appelés moqaddems, représentants semi-officiels de l'autorité, instiguent la délation de tout comportement subversif, autant d'un point de vue politique que moral d'ailleurs, dans un État où, notamment, sont punis d'emprisonnement les relations homosexuelles et les rapports sexuels hors mariage.
Des luttes qui restent en mémoire
Depuis 26 ans que Mohammed VI a pris la succession du trône à la mort de son père Hassan II, les autorités ont toutefois été défiées par plusieurs mouvements de révolte, alors que la répression s'est montrée toujours aussi féroce. L'un de ceux qui doit ressurgir le plus dans les mémoires des révolté.e.s d'aujourd'hui est certainement le hirak du Rif débuté en octobre 2016. Suite à la mort d'un marchand de poisson écrasé dans un camion-poubelle alors qu'il tentait de récupérer sa marchandise confisquée par le Makhzen, des dizaines de milliers de personnes ont envahit les rues d'Al Hoceima, capitale du Rif, en mémoire du défunt et pour protester contre leurs conditions de vie. Après huit mois de manifestations et rassemblements incessants, des discours questionnant de plus en plus ouvertement la légitimité du Makhzen, puis l'interruption du prêche d'un imam appelant à stopper le mouvement, les autorités finissent par arrêter des centaines de personnes. En réaction, le 20 juillet 2017 se tient une grande marche pour leur libération, lors de laquelle un manifestant est blessé à la tête par une grenade lacrymogène dans des affrontements avec les flics. Plongé dans le coma il décède quelques semaines plus tard. Quand aux personnes arrêtées, environ 500 sont condamnées à des peines de prison, quatre prennent 20 ans pour « complot visant à porter atteinte à la sécurité de l'État ». Récemment, le plus médiatique des détenu.e.s du hirak du Rif, Nasser Zefzafi, a fait sortir de sa prison une lettre en soutien à la GenZ212, et l'appel à la libération des prisonnier.e.s a été scandé plusieurs fois dans des rassemblements.
Les mémoires sont aussi évidemment marquées par le mouvement du 20 février en 2011, dans le sillage des printemps arabes, avec ses manifestations critiquant le régime pendant plusieurs mois, des postes de police attaqués à différents endroits, mais aussi neuf morts dont au moins trois assassinés par les flics. En partie récupéré par les partis politiques, islamistes compris, il débouchera sur une réforme de la constitution et de nouvelles élections législatives.
Et puis, ces dernières années, d'autres révoltes ont été symptomatiques du niveau de misère dans laquelle vit une partie du pays. Fin 2018 des « manifestations de la soif » ont lieu à Zagora contre les coupures d'eau puis, début 2019, des habitant.e.s de la ville minière de Jérada sortent dans les rues durant plusieurs mois suite à la mort de deux hommes qui, comme plein d'autres, gagnaient leur vie en revendant clandestinement du charbon extrait dans des puits désaffectés de l'ancienne mine. Au Maroc beaucoup de gens doivent faire ce genre de boulots pour vivre, tout en devant faire allégeance à un roi qui, en plus de son statut politique et religieux, contrôle le plus grand groupe financier du pays, Al Mada, regroupant de multiples filiales dans la banque, la grande distribution, l'immobilier, les télécoms, l'énergie et, historiquement, les mines. Avec son entreprise Managem, la famille royale, à la tête d'une fortune de plus de 6 milliards de dollars, exploite une dizaine de mines d'or et d'argent dans les régions les plus pauvres du pays, aggravant les conditions de vie par l'accaparement de l'eau et la pollution. Celle d'Imider, au sud de la chaîne de montagne du Haut Atlas, est bien connue car depuis les années 80 des habitant.e.s s'y opposent. A partir de 2011, des opposant.e.s ont même coupé l'alimentation en eau de la mine, tout en montant un camp pour occuper le site autour de la vanne.
Coupe du monde, CAN, TGV, … Le Maroc des grands projets
Dans les manifestations de ce début octobre, de nombreuses fois ont été pointées du doigts les dépenses faramineuses pour la construction des stades devant accueillir la coupe d'Afrique des nations (CAN) en 2026 et la coupe du monde de foot en 2030. A Tanger et Casablanca, au tout début du mouvement, les écrans installés dans les rues affichant un décompte avant le début de la CAN ont même été hackés pour y diffuser des insultes contre les flics et des revendications pour la santé et l'éducation. Pendant les rassemblements des slogans critiquaient des infrastructures coûtant des milliards en comparaison avec le piteux état des hôpitaux où les patient.e.s doivent parfois apporter leurs propres draps et matériel médical. Comble de l'indécence le tout nouveau stade de Rabat comprend, en sous-sol, une clinique flambant neuve destinée aux sportifs… Pour 2030, les autorités ont annoncé en grande pompe la construction d'un stade de 115 000 places, soit le plus grand du monde, pour un coût de 5 milliards de dirhams (environ 500 millions d'euros). Et puis, à l'approche des compétitions, le Makhzen mène des programmes d'éviction des pauvres dans les quartiers centraux des grandes villes. A Casablanca, depuis 2024, des centaines d'habitations ont été détruites dans l'ancienne médina et leurs occupant.e.s relogé.e.s dans des quartiers excentré.e.s, pour construire à la place une large avenue royale reliant la grande mosquée Hassan II.
Si les chantiers pour les coupes de football cristallisent les tensions, le décalage entre des grands projets capitalistes sollicitant des investissements massifs et le niveau de vie local concerne tous les domaines. Ces grands projets sont souvent guidés par les intérêts d'investisseurs étrangers, émiratis, chinois et français en tête. Un jour peut-être la tempête qui, lors des chaudes nuits du 30 septembre au 2 octobre, a fait valdinguer des banques, des supermarchés, des comicos et des agences de transfert d'argent, se dirigera jusqu'aux infrastructures de ce capitalisme néocolonial. Peut-être, par exemple, qu'elle atteindra la nouvelle ligne de TGV reliant Tanger à Casablanca (320 kilomètres en tout), commandée en 2010, pour 3 milliards d'euros, au groupe français Alstom qui s'est refait un pactole d'1 milliard d'euros en vendant 18 nouvelles rames de train en 2024. Peut-être même que cette tempête passera plus au Sud, là où convergent désormais les regards voraces des grands groupes français spécialistes de la transition énergétique...
Hydrogène vert et néocolonialisme au Sahara Occidental
Le Sahara Occidental, un territoire de plus de 260 000 km², est occupé et administré par l'État marocain sur 80 % de sa superficie depuis 1975 bien que l'ONU le considérait encore jusqu'à peu comme « non autonome » et qu'une organisation armée sahraouie, le Front Polisario, contrôlant les 20 % restant, en revendique toujours l'indépendance. En octobre 2025, le conseil de sécurité de l'ONU a finalement reconnu un plan visant à faire de ce territoire une région autonome sous souveraineté marocaine, validant un processus de colonisation débuté par des années de guerre et de massacres, et poursuivi par l'occupation, la répression et la prédation économique.
Dans la zone occupée par les autorités marocaines, les tensions s'étaient ravivées en 2010 lorsque plus de 15 000 sahraoui.e.s ont monté un campement à Gdeim Izik en périphérie de Laayoune pour protester contre leurs conditions de vie. Le démantèlement du camp par les flics s'était soldé par au moins une dizaine de morts dont plusieurs policiers. En 2020 le conflit armé entre l'armée marocaine et le Front Polisario avait même repris après 20 ans de cessez-le-feu. Aujourd'hui les tensions sont toujours bien palpables mais pas de nature à freiner la nouvelle ruée vers l'or « verte ».
Car si le Sahara Occidental est historiquement exploité pour ses ressources halieutiques et ses gigantesques gisements de phosphates, servant à la fabrication d'engrais agricoles, c'est désormais son exposition aux vents et son ensoleillement qui attirent les investisseurs. Ces conditions climatiques en font une zone très rentable pour la production d'énergies « vertes » et donc de carburant décarboné, comme de l'« hydrogène vert », dérivable en ammoniac, nécessaire à la production d'engrais azotés. En mars 2024, le royaume a lancé son « Offre Maroc », un appel à venir exploiter un million d'hectares déjà identifiés. Il se voit répondre à 4 % de la demande mondiale d'ici 2030.
Alors que les relations diplomatiques entre la France et le Maroc étaient en crise depuis 2021, après que les services secrets marocains aient été accusés d'espionner, entre autres, le portable de Macron, à l'aide du logiciel israélien Pegasus, elles se sont vite revigorées quand ce dernier a annoncé, en juillet 2024, qu'il soutenait la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental. Trois mois plus tard était organisée en grande pompe une visite du président français accompagné de neuf représentants de groupes énergétiques, avec des gros contrats à la clefs.
Ainsi, Engie va investir 15 milliards d'euros en partenariat avec l'office chérifien des phosphates (OCP), le plus grand groupe minier marocain, dans six projets liés aux énergies renouvelables, à l'ammoniac vert et au « dessalement durable ». A côté de la petite ville de Chbika, Total va construire et exploiter un centre de production d'ammoniac vert destiné à l'export sur le marché européen. Puis, à Dakhla, MGH Energy a signé un contrat pour construire une usine de e-fuels tandis qu'HDF Energy projette d'y bâtir une giga-usine capable de produire 200 000 tonnes d'hydrogène vert par an. Par ailleurs, tous ces rapaces sont bien accompagnés par l'agence française de développement (AFD), conforme à ses missions néocoloniales visant à soutenir les intérêts de la France dans le développement capitaliste de ses anciennes colonies et du reste du dit Sud global.
Bref, avec tous ces projets, il y a de quoi tapisser d'éoliennes et de panneaux solaires polluants des milliers d'hectares de désert, le tout pour faire tourner l'agro-industrie dévastatrice partout dans le monde. Au Sahara Occidental comme ailleurs, la fameuse transition énergétique n'est rien d'autre qu'une nouvelle conquête afin d'exploiter toujours plus la planète et ses ressources.
L'appétit des exploiteurs n'a pas de limites et tant qu'ils pourront continuer leurs sales affaires les pauvres en subiront toujours les conséquences. Au Maroc, la propagande du Makhzen, bien relayée par ses influenceurs baltajias (nom donné aux pro-monarchie), brouille les pistes en alimentant sans cesse le discours nationaliste selon la devise « Allah, la nation, le roi » et ciblant l'ennemi algérien ou sahraoui. Mais, comme le montre cette dernière révolte, nombreu.ses.x sont celleux qui savent très bien où se trouvent les responsables de leur misère et comment les attaquer.
Solidarité avec les révolté.e.s du Maroc, de Madagascar, du Népal, d'Indonésie, du Pérou, et du monde entier !
Contre tous les pouvoirs, liberté pour toustes !
Le numéro 2 de Sans Dessous Dessus, un apériodique pour chahuter l'extractivisme, est sorti !
Édito :
[…] Comme nous l'avons dit dans le numéro précédent, ce projet est né de l'envie de mieux comprendre le renouveau minier en Europe pour nourrir des perspectives de luttes. Il est le fruit de rencontres, de longues discussions et de pas mal de recherches sur un sujet qui ne nous était pas familier à tou·tes. Cette publication, nous l'avons pensée comme un outil donnant des billes d'analyse et des informations pratiques à propos de projets industriels qui peuvent toujours être entravés, voire empêchés. […]
Si notre premier numéro était centré sur le projet de mine de lithium dans l'Allier porté par Imerys, ce deuxième opus replace ce projet dans son contexte : celui d'une tentative de « retour à la mine » en France et d'une nouvelle vague d'attributions de permis miniers par l'État, tout comme celui, encore plus général, du monde autoritaire et marchand. Nous y élargissons la critique de l'extractivisme et de ses incarnations locales à celle plus approfondie de l'État et de ses mécanismes d'oppression et de délégation, de la société techno-industrielle et de sa restructuration « verte » (c'est-à-dire électrique) et numérique, du capitalisme avec son règne des marchandises et ses fondements coloniaux, ainsi que de la guerre qui sert de moteur à toute cette machinerie. Parce qu'une mine, ce n'est pas seulement des fosses qui défigurent une montagne et des pollutions des sols, de l'air et des cours d'eau. C'est l'incarnation d'un rapport au monde qui ne voit celui-ci qu'en termes de valeur à extraire, de profit ou de puissance à engranger. C'est le premier élément d'une vaste chaîne composée d'usines, de drones, de câbles électriques ou de fibre optique, de datacenters, de casernes et de commissariats, d'objets connectés en tout genre, de centrales et de sous-marins nucléaires, de supermarchés, de lignes de front, d'entrepôts, de satellites… C'est la base matérielle d'un système qui voudrait faire de nous des outils de son fonctionnement, sans intentions ni volonté propres.
Nous avons aussi eu envie de regarder hors de l'Europe, car l'extractivisme est indissociable de la colonisation de territoires menée par les différents empires et États à travers l'histoire. Mais nous ne voulons pas en proposer une analyse détachée de notre contexte, c'est pourquoi nous mettons en avant les possibilités d'agir qui s'ouvrent en faisant les liens entre les questions coloniales et les guerres qui ne cessent de secouer le globe. Tandis que les territoires colonisés, comme la Kanaky et la République Démocratique du Congo, sont toujours plus minés pour extraire des ressources, ici, le renouveau minier est argumenté ad nauseam par la prétendue « souveraineté » en métaux critiques promue par les États européens et les industriels. Métaux critiques qui iront nourrir, entre autres, l'industrie de l'armement et celle du numérique, contribuant donc à semer la mort et à faire de nous des moyens au service de la marchandise. En parallèle, la numérisation, qui repose sur l'électrification, sonne une relance du nucléaire français, lui-même indispensable à la puissance militaire de l'État. C'est d'une logique implacable ! Ces sujets sont inextricablement liés et les différentes luttes qui s'en emparent peuvent se faire écho. Les luttes antinucléaires et celles contre la numérisation de la vie, celles contres des projets de mines et celles contre la guerre… Sans faire l'impasse sur les nécessaires discussions sur les moyens et les fins de telles luttes, qu'elles s'ancrent dans un territoire, mènent à des occupations ou prennent d'autres formes et chemins. Nous pensons que faire ces liens permet de mieux appréhender ce contre quoi on se bat, étend nos réseaux, donne de la force par la compréhension des finalités de certains projets et pousse à une remise en question de l'ensemble des fondements de ce monde, permettant d'éviter les pièges des critiques partielles et du réformisme et invitant à un bouleversement total et radical de l'existant. Vaste programme, mais voilà notre modeste contribution. Bonne lecture !
Sommaire :
• Sans dessous dessus,
deuxième numéro de l'apériodique
• Contre l'extractivisme !
Un anti-mode d'emploi
• Le métal du diable, la révolte et Kanaky.
Enjeux industriels, guerre et révoltes anti-coloniales
• Eramet, fleuron du colonialisme français.
Quelques informations sur une entreprise d'État
• Guerre des métaux dans la région des Grands Lacs.
Un rapide aperçu des conflits en RDC
• Ça s'en va et ça revient…
Brève histoire des « relances » minières.
État des lieux des permis miniers en juin 2025
• La relance minière dans l'hexagone – affiche
• Nouvelles de luttes.
Allier, Ariège, Dordogne, Bure
• Contre les mines, contre la guerre.
Texte venu d'Ariège
• Danse macabre, un slow entre guerres et mines.
Synthèse et extraits d'une brochure
• Le nerf du commerce.
Minerais de l'Ukraine, guerre et croissance
• La culture mangeuse de monde.
Entretien avec des habitant·es de la forêt squattée d'Hambach
• Smart trucs.
Considérations sur l'aliénation à l'ère du tout-électrique
• Ça existe déjà, non ?
Bande-dessinée
• Et… coupez !
Communiqué d'attaque [extraits]
Infos contact et diffusion :
Si la revue te parle et si tu souhaites recevoir des exemplaires pour toi ou pour la diffuser, écris-nous à sansdessousdessus@distruzione.org.
Tu peux aussi trouver la revue dans les lieux suivants (liste qui va évoluer avec le temps, hésites pas à nous demander par mail s'il y en a près de chez toi) :
Strasbourg :
- le Kiosque, 6 rue des remparts, Strasbourg
Nancy :
- Quartier Libre, 11, Grande Rue, Nancy
Marseille :
- Librairie transit, 51 Bd de la Libération, Marseille
Paris :
- Bibliothèque anarchiste Libertad – 19 rue Burnouf 75019 Paris
Permanences tous les mardis de 17 à 20h
Montreuil :
- Bibliothèque anarcha-tpg la Bark, 5 rue François Debergue, Montreuil (93)
Permanences les mercredi de 16h à 19h
Grenoble :
- La Bobine occupée, 42 boulevard Clemenceau, Grenoble
- Antigone 22 rue des violettes, Grenoble
Permanance le mercredi de 18h30 à 21h30, le premier samedi du mois de 16h à 19h, le dimanche de 17h00 à 20h00
Toulouse :
- Le placard brûle situé à l'impasse (squat d'activités) – 1 impasse Lapujade 31500 Toulouse
- Le Kiosk (librairie « anarchisante »), à la Chapelle, 36 rue Danielle Casanova
- La Librairie terra nova , 18 rue Gambetta – 31000 Toulouse
- Le Chat noir – 33 rue Antoine Puget, 31200 Toulouse
Saint-Étienne :
- La bibli l'Hérissé.e, à la Gueule Noire, 16 rue du Mont, Saint-Étienne
Permanance le deuxième samedi du mois de 13h à 15h et le 22 du mois de 17h à 19h - Librairie Lune et l'autre, 19 Rue Pierre Bérard, Saint-Étienne
Ambert :
- L'élégante, Petite Rue de Goye, Ambert
Lyon :
- La Gryffe, 5 rue Sébastien Gryphe, Lyon 7e
Ce mercredi 10 décembre 2025, toustes devant les maisons communales !
De la crèche au master, tout le secteur de l'enseignement va être touché par les mesures du gouvernement !
Élèves, parents, éducateur-ices, accueillants, surveillants, ALE, CPMS, puéricultrices, secrétaires, enseignant-es, directions, académies, Pôles, personnel administratif et d'entretien, concierges, service de l'instruction publique, PECA, syndicats, anciens élèves, pensionnés...
Rejoignons-nous pour un moment (...)
Mercredi 10 décembre 18h Sorbonne Université (Jussieu), amphi 34A : ciné-débat autour des luttes menées par des migrant.e.s. Contre le racisme, pour l'égalité des droits et la solidarité. Dans le cadre de la préparation d'une « Une journée Sans Nous » - 18 décembre Journée Internationale des Migrant.e.s

Une journée sans nous : si on s'arrête, tout s'arrête, c'est un appel à nous organiser afin de visibiliser à quel point le pays ne marche ni n'existe pas sans immgré.e.s et qu'il en bénéficie à tous points de vue. Avec ou sans papiers, immigré.e.s, enfants d'immigré.e.s de 1re, 2e, 3e génération, voisin.e.s, collègues, personnes solidaires, tout le monde est interpelé à ne pas se rendre à l'école, ni au travail, ni dans les commerces et à manifester ensemble dans toutes les villes du pays le 18 décembre.
402 organisations, associations et syndicats sont signataires de cet appel https://www.antiracisme-solidarite.org/18-décembre-2025-journee-sans-nous
La solidarité avec les migrant.e.s concerne pleinement le secteur de l'éducation et le combat auprès des MNA pour le droit à l'école pour toustes est loin d'être la seule raison. Dans les écoles, des parents sans papiers vivent la peur au ventre d'être arrêté.e.s et de se voir livrer à tout moment une « obligation de quitter le territoire français » (OQTF) doublée d'une « interdiction de retour sur le territoire français » (IRTF) tout en travaillant dans des conditions d'exploitation comparables à celles vécues par les ouvrières du XIXe siècle. Plein de familles d'élèves sont ainsi
traversées par une énorme précarité. Dans les universités, beaucoup d'étudiant.e.s, comme l'extension du Réseau Universitaire Sans Frontières (RUSF) le met en évidence, et de travailleurs.euses, souvent celleux qui s'occupent du ménage, des cantines, des travaux – comme par exemple celui d'enlever l'amiante-, etc. sont aussi de migrant.e.s, sans ou avec papiers, et sont l'objet de nombreuses discriminations. La multiplication des frais d'inscription à l'université pour les étudiant.e.s étranger.e.s ainsi que la suppression des Aides Personnalisées au Logement (APL) pour ces étudiant.es décidées récemment par le gouvernement en constituent une claire manifestation.
Dans l'éducation, l'égalité de conditions d'étude et de travail sont loin d'être respectées.
Venez en débattre autour du film La ballade des sans papiers le mercredi 10 décembre à Jussieu (amphi 34A) et rejoignez-nous le 18 décembre.
الأمل (Al Amal) / Espoir est un bimestriel bilingue (arabe / français) édité conjointement par le Rassemblement Anarchiste Soudanais, la CNT-AIT France et leurs amis en Tunisie, Maroc et ailleurs.
Pour finir cette année 2025 en beauté, nous vous annonçons la parution du livre de La Grappe n°2 ! Couverture sérigraphiée, articles de qualité à découvrir ou à redécouvrir, coquilles dès le sommaire, surprises à l'intérieur du livre, on espère qu'il va vous plaire !
En cette période hivernale, enfin un livre qui vous réchauffera le cœur, enfin la possibilité de toucher de vos mains les textes qui ont marqué l'année, enfin une compilation de l'actualité locale bordelaise autonome à lire, à faire passer et à garder au chaud dans sa bibliothèque.
Pour le commander
Rien de plus simple. Vous pouvez nous écrire par mail à cette adresse : lagrappe@riseup.net et on vous l'envoie par La Poste.
Il est aussi trouvable dans les meilleures libraires indépendantes de Bordeaux :
La librairie du Muguet à Athénée Libertaire (7 rue du Muguet. Ouverte les mercredis et samedis de 15h à 19h).
La librairie Disparate (99 rue de Bègles. Ouverte du mercredi au samedi de 15h à 19h).
Le Café Fantoche (19 rue des Douves. Ouvert le mercredi et jeudi de 14h à 22h, le vendredi et le samedi de 10h à 22h et le dimanche de 14h à 18h).
Si vous aussi, vous souhaitez diffuser le livre, écrivez-nous par mail pour que l'on mette ça en place.
Pour payer et soutenir le site
Le livre est prix libre. Le prix conseillé est de 8 euros. C'est le prix de son coût et donc ce qui peut nous permettre de nous rembourser. Si vous l'achetez en librairie, vous pouvez donner l'argent directement sur place et la librairie nous fera suivre l'argent. Sinon, c'est possible d'envoyer ou de déposer des sous (en liquide) dans la boite aux lettres de cette adresse : Pierre Nileau, 19 rue Riausac, 33800 Bordeaux.
Pour rappel, La Grappe vit sans pub, ni subvention, ni salaire. C'est aussi l'occasion de soutenir le site en envoyant des dons, en en parlant autour de vous, en lançant des collectes, en organisant des événements pour le faire connaître et rayonner, en nous envoyant vos retours, et toujours, en proposant vos articles.
Merci d'ailleurs à tout.e.s les contributeurices et à tout.e.s les lecteurices !!!
Sommaire du livre :
Bordeaux ma Ville - Hurmic à la mairie, ne s'attendre à rien, quand même etre déçu
Internationalisme - Discussions avec des membres de Les Peuples Veulent
Féminismes - Lettre ouverte à mes camarades les zommes
Contre les frontières - Le collectif anti-expulsion. Combattre la mécanique de l'expulsion en France dans les années 1990
Sabotage - Revendications d'actions
Banditisme - Noelle Besse, une illustre bandite pourtant inconnue & François Besse, un flamboyant rebel si discret
Luttes Locales - Où en est la lutte contre les LGV du Sud-Ouest ?
Contre l'armement - La guerre se fabrique aussi en Gironde - pages noires des fabricants de la mort.
Palestine - Interview d'un médecin en mission à Gaza, Juillet 2025
Contre-Histoire - Un vandaliste à la retraite
Bonne lecture.
Rassemblement contre Sterin et l'extrême droite : rdv le 10/12 à 19h place de la Bourse à Bordeaux.
Rejoignons la campagne du SCAS, Bloquons les Nuits du Bien Commun du milliardaire Stérin
La Section Carrément Anti-Stérin (SCAS) lance un appel à stopper l'offensive du milliardaire Pierre Édouard Stérin pour faire gagner l'extrême droite partout où il le peut : dans les élections, dans les associations, dans les médias, etc. Il y a quelques semaine, le SCAS nous avait déjà envoyé un article pour alerté sur le danger du projet Stérin. Avec la campagne Désarmer Bolloré, nous rejoignons l'appel du SCAS à empêcher partout ou c'est possible, les Nuits du bien commun. Nous appelons tous les groupes collectifs, assocations et organisations qui font partie de la campagne à se ressaisir de l'appel, à enquêter sur la forme que prennes les Nuits du bien commun chez eux et à organiser des mobilisations. Prevenez-nous dès que vous avez les détails précis de votre évenement local, nous le republierons et en feront la diffusion !
Les « Nuits du Bien Commun » du milliardaire réac' Stérin n'auront pas lieu ! - bannière
L'appel de la Section Carrément Anti-Stérin (SCAS) : Les « Nuits du Bien Commun » du milliardaire réac' Stérin n'auront pas lieu !
Stérin, c'est ce milliardaire qui a fait fortune avec les Smartbox et qui organise, grâce à son empire économique, la conquête du pouvoir par l'extrême droite. Il est, comme il le clame publiquement : en croisade !
Le plan Périclès pour Patriotes / Enracinés / Résistants / Identitaires / Chrétiens / Libéraux / Européens / Souverainistes, (oui, rien que ça !) révélé par le journal l'Humanité (en juillet 2024) a été développé dans ce but. Ce vaste plan, qui entend lutter contre les principaux maux de notre pays (Par là, entendez l'état social, la sécurité sociale, les droits des femmes, des LGBTQI, des musulman.ne.s et des étranger.e.s… ) a pour objectif la conquête de plusieurs centaines de mairies aux prochaines élections municipales, et à terme une victoire politique complète.
Némésis, Thaïs D'escuffon, Stanislas Rigault, le RN, SOS Calvaire, l'institut Illiade, l'Institut de Formation Politique, la manif pour tous, des assos anti-IVG... En plus d'être d'extrême droite, ils ont tous en commun d'avoir bénéficié de la galaxie Stérin et de ses milliards.
En formant des cadres politiques d'une part, et en investissant d'autre part le champ médiatique (via des écoles de formation, lobbying etc.), l'argent de Stérin est au service de l'union des droites, la seule à même de faire rentrer son projet de société réactionnaire et catholique intégriste dans l'ensemble des institutions.
Outre cette machinerie institutionnelle dédiée à l'extrême droite, il veut diffuser et faire prendre racine de manière pérenne ses idées dans tous les champs stratégiques de la société (éducation, médias, religion, réseaux sociaux, associations...) et jusque dans les sphères familiales et affectives. Son programme idéologique et politique est en plus d'être total, intégral.
C'est ici qu'interviennent les **Nuits du Bien Communùù (NdBC). Les NdBC sont en apparence d'innocentes soirées de soutien à des associations. Leur fonctionnement est simple : tous les ans, dans une vingtaine de villes, ont lieu ces galas de charité où se réunissent et s'organisent notables et généreux donateurs de la bourgeoisie locale pour réunir des fonds aux profits d'associations.
Coté donateurs, sous couvert de charité, c'est un véritable maillage territorial et local de l'extrême droite qui se tisse et se renforce lors de ces soirées, dont ils espèrent voir les premières victoires lors des élections municipales de 2026.
Autre problème majeur : les associations choisies le sont par un "comité stratégique" dont les membres sont partis prenantes ou proches des réseaux du milliardaire et de ses idées nauséabondes.
La galaxie du Bien Commun et Périclès sont, quoiqu'en dise Stérin, fondamentalement liés, s'entre nourissant. Ainsi depuis 2017, ont notamment été financées par les NdBC des écoles catholiques hors contrat (Espérance Banlieues, accusé de violences volontaires sur mineurs et de racisme), l'Institut Libre de Journalisme (pièce importante du projet Périclès), SOS Chrétiens d'Orient (soutiens du régime de Bachar el Assad), la Maison de Marthe et Marie (proche des milieux anti-avortement), et des associations fondée par un ancien militant violent du GUD (Charles Dor) comme Chantons (anciennement Canto) grâce à des dons défiscalisés.
La liste est longue. Beaucoup d'associations sont passées par les Nuits du Bien Commun. Nous n'accusons pas chacune d'entre-elle de servir directement le projet de Stérin. Mais ce dernier calcule chaque centime dépensé et rien n'est laissé au hasard : d'une main, il poursuit son projet libertarien en jouant de sa galaxie pour asphyxier le monde associatif (en faisant du lobbying pour le désengagement de l'État), de l'autre, il se présente en sauveur d'associations en difficultés, lui permettant de prendre petit à petit le contrôle de pans entiers de la société pour diffuser ces idées réactionnaires à tous les niveaux.
C'est pourquoi, au même titre que tout ce qui intègre la « galaxie Stérin », les Nuits du Bien Commun ne doivent pas continuer à se développer.
Derrière le dogwhistle1 "Bien commun", on retrouve souvent Stérin et ses milliards, qui s'inscrit pleinement dans l'internationale néofasciste et libertarienne que construit le réseau Atlas (Trump, Milei, Orban...).
Face à cette offensive réactionnaire et identitaire, nous appelons à une mobilisation d'ampleur partout où des NdBC sont programmées.
Soyons créatif⸱ves, tous les coups sont permis pour empêcher ces soirées de se tenir !
LA SCAS - La Section Carrément Anti-Stérin
Dans la nuit du 6 au 7 décembre 1986 à Paris, en pleine répression du mouvement étudiants/lycéens, Malik Oussekine, 22 ans, était matraqué à mort dans le hall d'un immeuble parisien où il s'était refugié, par deux policiers « voltigeurs » motocyclistes. Texte repris de Rebellyon.
Dans la nuit du 6 au 7 décembre 1986 à Paris, en pleine répression du mouvement étudiants/lycéens, Malik Oussekine, 22 ans, était matraqué à mort dans le hall d'un immeuble parisien où il s'était réfugie, par deux policiers "voltigeurs" motocyclistes.
Les étudiants, et les lycéens, dénonçaient le projet de loi Devaquet instaurant la sélection à l'entrée de l'université. Le mouvement est marqué par une forte répression policière. De graves affrontements ont lieu en marge des manifestations, faisant des dizaines de blessés dont plusieurs gravement atteints.
À Paris, à la suite d'une manifestation pacifique arrivée à la Sorbonne, au quartier latin, les “voltigeurs” prennent en chasse les jeunes qu'ils croisent. Malik Oussekine, un étudiant marocain de 22 ans, selon toute vraisemblance qui s'était tenu à l'écart du mouvement, sort de son club de jazz favori. Il est minuit. Des “voltigeurs” le remarquent et se lancent à sa poursuite. Malik Oussekine se met à courir. Un témoin qui rentrait chez lui, Paul Bayzelon, fonctionnaire au ministère des Finances, habitant l'immeuble, au 20 rue Monsieur le Prince (6e arrondissement), a pu, seul, déclaré :
« Je rentrais chez moi. Au moment de refermer la porte après avoir composé le code, je vois le visage affolé d'un jeune homme. Je le fais passer et je veux refermer la porte. Deux policiers s'engouffrent dans le hall, se précipitent sur le type réfugié au fond et le frappent avec une violence incroyable. Il est tombé, ils ont continué à frapper à coups de matraque et de pieds dans le ventre et dans le dos. La victime se contentait de crier : “je n'ai rien fait, je n'ai rien fait” ».
Paul Bayzelon a dit avoir voulu s'interposer mais s'être fait lui aussi matraquer jusqu'au moment où il a sorti sa carte de fonctionnaire. Puis les policiers sont partis laissant Malik Oussékine sur le carreau.
Peu après le Samu arrive sur place. Ils apportent les premiers soins à Malik Oussekine et le transportent à l'hôpital Cochin où il est mort des suites du tabassage de la police.
Les médecins d'urgence constatent un hématome péri-auriculaire, un hématome suborbital, une fracture de la cloison nasale, une abrasion du nez et de la joue droite, etc. Ils s'aperçoivent aussi que Malik disposait d'une déficience rénale, ce qui fait dire à Robert Pandraud, ministre délégué à la Sécurité : « Si j'avais un fils sous dialyse, je l'empêcherais d'aller faire le con la nuit ». Et pour tenter de justifier leur assassinat, les "voltigeurs" policiers font courir le bruit, en s'enférant dans leur racisme, que la sœur de Malik est une prostituée et que son frère est un escroc. Le ministre de l'Intérieur Charles Pasqua et son ministre, Robert Pandraud, choquent l'opinion générale en ne condamnant pas l'action de la police ce soir-là. De nombreuses manifestations monstres ont lieu alors dans toute la France, où on compte plus d'un million de personnes. A Lyon, le pont de l'Université est rebaptisé Pont Malik Oussékine.
Le lendemain, Alain Devaquet, ministre délégué à l'Enseignement supérieur, et auteur du projet de loi dont on ne voulait pas, présentait sa démission, pendant que les étudiants et les lycéens défilaient en silence dans toutes les villes portant des pancartes "Ils ont tué Malik". Le lundi 8 décembre, après de nouvelles manifestations, le Premier ministre Jacques Chirac annonce le retrait du texte de la loi Devaquet. Les deux “voltigeurs”, Jean Schmitt, et Christophe Garcia, sont passés trois ans plus tard devant la Cour d'Assises de Paris pour "coups et blessures ayant entrainé la mort sans intention de la donner". Ils ont été condamnés en janvier 1990 à 5 ans et 2 ans de prison avec sursis.

De plus, au cours de la même nuit, à Pantin, dans l'agglomération parisienne, un jeune Français d'origine algérienne, tente de s'interposer pour faire cesser une bagarre de café. Un policier, qui n'était pas en service, qui se trouvait au comptoir, tire à bout portant, sans sommation, et tue ce garçon de 19 ans, qui meurt sur le coup d'une balle reçue en plein cœur. L'enquête révèlera que le policier était en état d'ivresse notoire, néanmoins pour la justice cet assassinat passe pour un homicide involontaire...
Repris de Rebellyon.
Une attaque maoiste sur des anarchistes à Athènes a démontré une culture politique formée par des habitudes patriarcales de commandement.
Des milliers ont pris la rue à travers la Grèce le 17 novembre, en mémoire de cell.eux tué.es pendant le soulevement de 1973 à Polytechnique, quand des étudiants ont été abattu.es alors qu'iels se levaient contre la dictature des colonnels. À Athènes, plus de 6000 flics anti-émeutes étaient deployés contre la manifestation et le rassemblement à l'extérieur de l'ambassade des États-Unis, avec des véhicules blindés fermant la marche afin de décourager une participation nombreuse.
Plus tôt, au matin du 15 novembre, autour de 150 membres du groupe maoiste ARAS sont descendus sur le campus de Polytechnique à Exarcheia pendant les préparations pour les commémorations annuelles de la révolte de 1973. Ils ont entouré un petit groupe d'étudiants anarchistes et anti-autoritaires, on lancé une attaque coordonnée et répétée, et en ont laissé plus d'une douzaine hospitalisé.es avec des commotions cérébrales, des os brisés, et des blessures graves à la tête – incluant des personnes inconscientes tabassé.es. Les attaquants ont opéré derrière un cordon humain serré, les portails du campus étaient verouillés, et des centaines d'autres organisations de gauche présentes étaient incapables d'intervenir. L'événement a été condamné publiquement par la majorité des organisations gauchistes et anarchistes de Grèce.
Loin d'être juste une autre escarmouche entre gauchistes, l'attaque était un essai stratégique de prendre du territoire. Qui tient l'espace physique de Polytechnique ne gère pas juste un campus ; ielles prétendent aux narratifs de son histoire, et avec ça, au futur horizon de la lutte sociale. ARAS a passé des années à imposer sa domination dans des sections du mouvement étudiant de l'université, reproduisant une posture autoritaire similaire à la position hégémonique du parti communiste grec (KKE) dans le champ socio-politique plus large : l'insistance sur le contrôle organisationnel, le poliçage des dissidents, et la vieille rengaine – adoptée par le KKE et les libéraux – que les émeutièr.es sont des “briseur.euses d'unité” ou des flics infiltrés.
L'attaque appartient à un plus long cycle de désillusions, répression et déclin politique. Une génération a mûri après la révolte des jeunes de 2008 – un moment qui a terrifié la classe politique – seulement pour voir le déroulement de la longue désillusion des années SYRIZA : la disparition de l'espoir, l'énergie du mouvement trahie, et "la gauche gouvernementale" se réduisant à de la gestion technocratique. Ce qui a suivi a été le retour triomphant de la droite, armée avec un TINA violemment appliqué (“there is no alternative” edTrad : phrase initialement prononcée par Margaret Tatcher au "Royaume Uni" imposant le néolibéralisme) et une posture contre-insurrectionnelle visant précisement les mouvements qui ont secoué le pays en 2008 et durant les années des mémorandums. Au cours des dernières années, les autorités policières ont de plus en plus attaqué les squats politiques – incluant l'intérieur des campus universitaires, avec la coopération de l'administration académique.
Dans ce climat, les schémas patriarcaux et autoritaires se sont renforcés pas seulement depuis le haut mais aussi à l'intérieur du champ politque, avec les ruines de la gauche agissant comme des tampons et comme contre-insurrection interne, absorbant la colère et bloquant l'émergence d'alternatives sincèrement autonomes et sociales. L'attaque d'ARAS était une reconstitution de cette plus large tendance : l'internalisation de la logique étatique par une formation de gauche désespérement en quête de reconnaissance et de pouvoir. Essayer de sécuriser sa crédibilité et sa survie organisationelle dans un panorama modifié par l'asphixie lente de mouvements a culminé dans une rupture grotesque avec l'esprit de Polytechnique – un spectacle autoritaire qui a mimé les mêmes forces que cet anniversaire est supposé défier. Les mouvements ont beaucoup à craindre quand des acteurs légitiment ces formations au nom de “l'unité” ce qui les aide à obtenir plus de légitimité.
Mais encore, la brutalité de l'attaque a révélé plus qu'une embuscade sectaire et autoritaire ; elle a démontré une culture politique formée par des habitudes patriarcales de commandement – pullulants à travers des parties de la gauche grecque (et du plus large spectre politique) – et maintenant encouragée sous un gouvernement qui fétichise la discipline, la punition et l'obéissance.
Depuis des décennies, Polytechnique a été maintenue ouverte par celle.ux qui rejettent ces narratifs d'ordre et d'inévitabilité. Très peu des courants politiques présents ont jamais été “non-violents” dans le sens moraliste poussé par les gouvernements et les libéraux. I.elles ont défendu les occupations, ont confronté la police, bloqué des mines, et ont construit des infrastructures de soin sous le feu. Leur militance est collective et enracinée dans la protection mutuelle. La violence d'ARAS était l'opposé : domination autoritaire se faisant passer pour discipline, une masquarade de contrôle affligée de patriarcat se faisant passer pour une lutte sociale.
Cette distinction est essentielle. Les formations politiques qui reproduisent les structures de commandement hiérarchiques et patriarcales ne font pas simplement écho à la violence étatique – ils la légitiment. Quand une secte dirigée par un gars déferle dans Polytechnique comme une police privée anti-émeute, cela fonctionne comme l'extension officieuse de la répression que le gouvernement a augmentée depuis des années en asphixiant les espaces du mouvement et en étendant les pouvoirs de la police sous la bannière de l'inévitabilité. Dans ce contexte, l'attaque d'ARAS se lit moins comme une folie sectaire que comme une version amateur grotesque du narratif de l'État : “l'ordre doit être restauré ; les alternatives écrasées”. Un écho violent du TINA auquel ils prétendent s'opposer.
Si les mouvements veulent survivre à cette phase autoritaire – la criminalisation des dissidents, la masquarade du “bon manifestant / mauvais manifestant”, le poliçage des politiques de la jeunesse – ielles doivent confronter ce qui a permis cette attaque. Pas à travers des vengeances ou des purges, qui recyclent seulement le même circuit autoritaire (edTrad : pas forcément, les vengeances peuvent être un besoin), mais en refusant de tolérer à l'intérieur de nos espaces les hiérarchies, les masculinités (edTrad : masculinités trans et cis ne sont pas la même chose), et les habitudes de commandements qui rendent une telle violence possible. La justice transformatrice n'est pas une douce alternative à la militance ; c'est le seul chemin par laquelle la militance reste enracinée dans la libération plutôt que de glisser dans la logique de la domination.
La révolte de Polytechnique reste puissante car elle rejette la hiérarchie, le contrôle patriarcal, et la logique d'inévitabilité. C'était bordelique, pluriel et contradictoire – et donc sincèrement insurgée. Ce qui s'est passé cette année était une profanation de la mémoire par des gens reproduisant de manière assumée la logique de l'état encore plus que sa propre police. Maintenant notre tâche n'est pas seulement de défendre nos espaces de la répression extérieure, mais de défendre nos cultures politiques du pourrissement interne. Aucun mouvement qui échoue à déraciner l'autoritarisme – qu'il soit porté par l'État ou des imitateurs – ne peut construire le monde pour lequel iel dit se battre.
https://freedomnews.org.uk/2025/11/18/a-left-that-carries-the-state-inside-it/
https://anarchistnews.org/content/thoughts-maoist-group-seriously-injuring-anarchists-athens-polytechnic
https://anarchistnews.org/content/statement-regarding-attack-left-wing-parastate-athens-polytechnic
https://anarchistnews.org/content/greek-anarchist-assembly-text-sectarian-attack
Émission Mayday, sur Radio Canuts, du 3 décembre 2025. Les peuples veulent la chute du régime ! C'est ce que l'on entend depuis au moins 15 ans, de Tunis à Colombo, de Damas à Santiago. Cette semaine on rencontre deux des animateur-ices du réseau des peuples veulent qui nous parlent des formes d'internationalisme qu'ils et elles veulent défendre.
Un podcast à écouter ici :
Ou sur audioblog.arteradio.com
Venus du Chili, de France, du Soudan, du Burkina, de Syrie, d'Argentine, de Palestine, du Sri Lanka, de Kanaky, de Russie, du Liban et de bien d'autres lieux encore, ils et elles essaient par l'enquête et l'amitié de se lier par delà les frontières du monde, de former un archipel de ce que pourrait être une organisation internationaliste de mouvements révolutionnaires qui aspirent à l'horizontalité, à la démocratie et à la fin de l'exploitation.
Dans cette émission il sera donc notamment question des formes concrètes que peut prendre cette entraide, de la nécessité de penser le coup de l'après insurrection, de la réaction et de l'internationale fasciste, du campisme et de son nécessaire dépassement, de ce que l'on entend par peuple lorsque l'on parle des peuples qui veulent.


