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La Marche des Solidarités appelle toutes les personnes, les collectifs, les réseaux, les syndicats à venir participer le 4 et 5 octobre à Paris à un weekend d'assemblée afin de discuter des propositions d'une feuille de route contre le racisme et le fascisme, ainsi que des moyens que nous envisagerons pour s'organiser dans chaque ville, village et quartier.
Jour 1 - SAMEDI 4 octobre 2025
à partir de 09:30 jusqu'à 17:00
Où ?
Bourse du Travail de Paris
3 rue du Château d'eau
75010 Paris
PROGRAMME
09 H 30 : Accueil
10 H 00 - 12 H 00 : Plénière sur centralité du racisme dans la situation politique actuelle et donc de l'importance d'organiser partout la solidarité contre le racisme
12 H 00 - 13 H 00 : Pause déjeuner
SALLE 1 : 13 H 00 - 15 H 00 : Quelles stratégies pour renforcer les luttes pour l'égalité des droits, luttes pour les papiers, logement, éducation… ?
Bilan de la tournée des préfectures, quelles suites donner à la lutte, quelle stratégie ?
18 décembre 2025 - « Journée sans migrant.es » : Discussion sur les modalités de construction d'une journée d'une « journée sans migrant.es » (de 1ʳᵉ, 2ᵉ, 3ᵉ génération et aussi leurs cousin.es, leurs voisin.es, leurs collègues…) dans l'économie. Grèves, fermetures de commerces, blocages et manifestations ! Pour la régularisation des sans-papiers et l'égalité des droits !
SALLE 2 : 13 H 00 - 15 H 00 : Quelles bilans/stratégies pour renforcer la lutte antifasciste ?
Bilan de la manifestation antifasciste du 10 mai à Paris : qu'est-ce qu'on tire de cette expérience pour notre stratégie antiraciste et antifasciste ?
Discussion sur les municipales 2026 et l'organisation d'une campagne antiraciste et antifasciste + la manifestation du 21 mars 2026 à l'occasion de la journée internationale contre le racisme sera la veille du 2d tour.
SALLE 1 : 15 H 00 - 17 H 00 : La place de l'islamophobie et l'urgence de la combattre
SALLE 2 : 15 H 00 - 17 H 00 : La lutte et l'auto-organisation des mineur.e.s isolé.e.s pour l'égalité des droits de toutes et tous
Jour 2 - DIMANCHE 5 octobre 2025
à partir de 10:00 jusqu'à 17:00
Où ?
Le BARANOUX
78 rue Compans
75019 Paris
PROGRAMME
10 H 00 : Accueil
10 H 30 - 12 H 00 : FRONT ANTICOLONIALISTE, ANTIMILITARISTE
Bilan du front contre le racisme, le colonialisme, le fascisme et la guerre qui s'est organisé ces derniers mois (cortège le 1ᵉʳ mai, manifestation du 14 juillet) avec la marche des solidarités, UP, guerre à la guerre, les collectifs antifascistes, etc. ?)
12 H 00 - 13 H 30 : Pause déjeuner
13 H 30 - 15 H : Solidarité contre les oppressions : unité contre le racisme, la transphobie, le sexisme ! (avec l'OST, voir appel commun : https://www.antiracisme-solidarite.org/appel-et-signataires#h.dhs14az9xb4e)
15 H 30 - 17 H 00 : RETOUR PLÉNIÈRE GÉNÉRALE
Organisation de la plateforme de la Marche des Solidarités :
Quels moyens on se donne dans les prochaines semaines et mois pour s'organiser localement, se coordonner nationalement ?
Toutes les infos
https://www.antiracisme-solidarite.org/




Le 3 octobre à partir de 18h, La Coopérative de Ménilmontant ouvre ses portes pour une soirée d'inauguration de l'épicerie associative au 17 Rue Moret, 75011. Au programme : présentation de la coopérative, tables-rondes, dégustations, installations, buvette, Dj set.
En partenariat avec la Galérie 13.
Nous sommes une coopérative alimentaire fondée sur des valeurs solidaires et autonomes ayant pour but de ne plus entretenir les fonctionnements prédatauriaux de la grand distribution et de la production de masse.
Pourquoi une épicerie ?
Parce que c'est le modèle commercial qui demande le moins d'investissement initial pour atteindre un équilibre économique rapide.
Parce que nous ne voulons plus financer les grandes enseignes de distribution.
Parce que c'est un point d'ancrage durable dans le quartier que nous investissons, un véritable lieu permettant de réfléchir, de créer, de s'organiser.
Comment ça marche ?
Les sociétaires ont accès à l'épicerie où ils trouvent des produits moins chers que dans la grande distribution pour des produits de qualité.
La fonctionnement de l'épicerie est assuré bénévolement par les sociétaires à raison d'une demi-journée par mois, temps qui peut être aménagé suivant les besoins de chacun-es.
Ce modèle permet de rendre accessibles des produits de meilleure qualité sans que cela se fasse au détriment des agricultrices et agriculteurs.
Dans un premier temps, les quelque 300 références sont achetées à 3 grossistes militants, permettant de proposer rapidement l'ensemble des produits de consommation courante.
Peu à peu ces produits sont échangés avec d'autres directement achetés aux producteurs sur proposition des sociétaires. Chaque sociétaire décide des produits qu'il veut voir en rayon.
Certains produits sont en lien direct avec les luttes que nous soutenons : paysans de la Confédération Paysanne, café du Chiapas, pâtes cultivées sur les terres réquisitionnées à la mafia dans la région de Naples, produits issus d'usines reprises en coopératives par leurs ouvrier-es (le thé Scop-ti, les savons et produits d'entretien Vio.ME).
On commence par les produits non périssables, puis on ajoute les produits frais lorsque les choses tournent bien et que l'économie le permet.
Chaque fin d'année, les membres se réunissent pour décider ensemble de la façon dont sera dépensé le “trop-perçu”, c'est-à-dire l'argent qui reste une fois que les comptes de l'année sont clôturés. Cet argent peut être reversé aux sociétaires de la coopérative au prorata de leur dépenses dans l'épicerie (historiquement, c'est ce qu'on appelle la “ristourne”), être réinvesti dans de l'équipement, ou être consacré à financer de l'activité sociale. Idéalement, les trois. Reste à déterminer dans quelles proportions.
Pour en savoir plus rendez-vous sur notre site web : https://coopdemenil.fr/


Aliénation et minorité
La Galerie Motto – Les films du crime et du châtiment
Vous invitent
Le 25 octobre entre 14heures et 22heures
Au 38 rue du Vertbois 75004 Paris
Métro Arts et Métier
A répondre ou à ne pas répondre ou à ne pas répondre à la question posée par le Délégué du GAJE membre de l'Internationale .7
Notre aliénation est elle la conséquence de nos actes minoritaires ?
Ou
Nos actes minoritaires sont ils la conséquence de notre aliénation ?
Pourquoi ?
Parce que sans cesse,
Les structures pyramidales patriarcales éducatives pour mon bien
Me rappellent sans cesse
Que l'écrit sans cesse
La parole sans cesse
Le film sans cesse
Et que l'acte collectif désintéressé artistique ou non artistique n'existe que par
Par le copinage
Par le Droit et le Devoir
Mesuré et répertorié
Par
Le nombre de participants révélé par le nombre de bière achetés et vendus
Par
Le droit d'auteur fondé sur un règlement de co propriété
Par
La Commission
Le Premier Prix
Le Jury (mot du président)
Le palmarès
La reconnaissance du Père et des Paires de la profession concernée
Aussi
La galerie Motto sera pendant huit (8) heures
Buvette zone temporaire de douze heures de paroles
Dans la galerie/buvette
Les livres les films les performances les conférences
La parole
Le silence
Deviendront.
Sortons
Sur la chaise devant la table jaune de l'entrée de la buvette temporaire galerie
S'affichera peut être le texte
ALIENATION ET MINORITE
Dans la librairie de la Galerie Buvette zone temporaire
Chacun sera peut être invité à lire un extrait du texte pensée et complots de Merejkowsky
Le directeur de la Galerie lira peut être le texte concernant une vision de l'aliénation et de la minorité
Dans la cave de la Galerie Buvette zone temporaire
Des films présentant leurs propres visions de l'aliénation et de la minorité seront peut être diffusés
Au premier étage de la Galerie Buvette zone temporaire
Des invités ou des groupes ou des associations exposeront peut être leurs visions de l'aliénation et de la minorité
Agenda « Sortir du nucléaire”
https://www.sortirdunucleaire.org/Projection-de-il-etait-une-fois-l-39-ecologie

Projection du film documentaire Alliances terrestres sur la lutte contre l'A69 en présence de la réalisatrice
La lutte contre l'autoroute A69 s'intensifie depuis 2021. Derrière l'argument du désenclavement, ce projet menace 400 hectares de terres agricoles, des arbres centenaires et des zones protégées.
Le film Alliances terrestres retrace la montée d'un mouvement de résistance né avec La voie est libre, rejoint par la Confédération Paysanne, le GNSA, l'Atécopol, Extinction Rébellion et les Soulèvements de la Terre. Leurs récits se mêlent aux analyses de Geneviève Azam, Geneviève Pruvost, Claire Dujardin et Laurence Marandola, qui éclairent les enjeux fonciers, l'écoféminisme et la justice environnementale, ouvrant une réflexion engagée et porteuse d'espoir.
19h : Accueil - Auberge espagnole (les boissons sont proposées en soutien à l'association)
20h : projection suivie d'une discussion
Au CRAS
39, rue Gamelin 31100 Toulouse
(métro Fontaine-Lestang | Tram Déodat de Séverac)

Le Chat Noir organise sa rentrée anti-autoritaire du vendredi 10 octobre au jeudi 16 octobre 2025. Venez nous rencontrer, échanger, partager autour de thématiques anti-répressive.
Le Chat Noir organise sa rentrée anti-autoritaire du vendredi 10 octobre au jeudi 16 octobre 2025. Venez nous rencontrer, échanger, partager autour de thématiques anti-répressive.
Projections
Arpentage
Concerts
Table ronde
Fer Vermut
Boissons et repas à prix libre.
Adresse du chat noir : 270 avenue de Muret 31300 Toulouse, proche de l'arrêt tram Avenue de Muret / Marcel Cavaillé
Plus d'infos sur notre site www.auchatnoir.noblogs.org
Vendredi 10 octobre :
Projection organisée par le groupe Libertad, 1 er film dans le cadre d'un cycle sur la répression des luttes basques.
Histoire d'un volant - Iñaki Alforja et Iban Toledo - 91 min - 2021 - VOSTFR
Projection-discussion en présence d'invité·es - ouverture 19h.
Au début des années 80, Naparra, membre des Commandos Autonomes Anticapitalistes, est victime de disparition forcée. Le groupe paramilitaire Batallón Vasco Español revendique sa mort sans plus d'informations. Sa famille a tenté de trouver le corps pendant plus de quarante ans, sans succès. Face à l'indifférence de la justice, Eneko reprend le flambeau de la recherche de son frère pour refermer la plaie restée ouverte pendant tant d'années.
Projection, grignotages et softs à prix libre
Samedi 11 octobre :
— La BAF vous propose un repas vegan et un l'arpentage* du livre "Etats d'urgence : une histoire spatiale du continuum colonial", de Léopold Lambert - ouverture 11h30.
Loi contre-révolutionnaire par excellence, l'état d'urgence lie les trois espaces-temps de la Révolution algérienne de 1954-1962, de l'insurrection kanak de 1984-1988 et du soulèvement des quartiers populaires en France de 2005.
Cet ouvrage revient en détail sur chacune de ces trois applications ainsi que celle, plus récente, de 2015 à nos jours en tentant de construire des ponts entre chacune.
Au vu de l'heure, on vous propose de manger un bout tout en lisant, il y aura de quoi se préparer des sandwiches et n'hésitez pas à ramener ce qu'il vous plaît !
— Conférence - Echange organisés par le groupe Libertad et l'UCL : invitation et présentation du collectif Toulouse anti CRA et de Miche Touchstone (auteur du livre "OQTF, les condamnés"). Nous échangerons sur la répression des personnes dites "en situation irrégulière" - ouverture à 16h30.
Toulouse Anti CRA est un collectif anticarcéral, antiraciste et anti-impérialiste qui milite pour l'abolition des centres de rétention administrative et contre le racisme d'État.
"OQTF, les condamnés" :
Quand Mamadou et Djibril, 16 ans et demi, rescapés d'un parcours long et périlleux en provenance du Mali, débarquèrent chez Eva et Némo, le couple était loin d'imaginer les murs qui allaient se dresser face à eux pour obtenir tout simplement le droit pour eux de vivre sur le sol français...
Inspiré de faits réels qui se sont déroulés en Auvergne, ce livre est à la fois une oeuvre de fiction, un récit romancé, un témoignage et une réflexion politico-historique. C'est l'histoire d'une lutte pour la régularisation de 2 jeunes maliens, dans une France devenue terre de chasse aux migrant.es, l'auteur nous mène bien au-delà, sur les chemins de la colonisation, du racisme, de la fascisation de notre société et de la répression. Mais c'est aussi une histoire de fraternité avec ceux et celles qui mettent en action la solidarité et la résistance à l'injustice.
— Cet évènement sera suivi d'un "Fer vermut" en musique avec colation.
Mais c'est quoi "fer un vermut" ?
En catalan, cela signifie littéralement "prendre un vermut". En Espagne, et plus particulièrement en
Catalogne, c'est un moment incontournable du weekend : on se retrouve entre ami·e·s pour partager
un verre de vermut, accompagné d'un vermut pack (olives, chips et autres grignotages). Un moment
de détente et d'échanges, bien plus qu'un simple apéro !
Dimanche 12 octobre
L'UCL vous invite à une rencontre avec Libre Flot autour de son ouvrage "Anticiper le bruit sec des verrous", paru aux éditions du bout de la ville - ouverture 16h00.
En 2017, comme tant d'autres militant.es internationalistes, Libre Flot s'engage auprès des forces kurdes du Rojava pour défendre la révolution sociale alors attaquée par Daesh mais le 8 décembre 2020 il est accusé avec d'autres personnes d'association de malfaiteurs terroriste. Il est incarcéré pendant près d'un an en détention provisoire. Placé en isolement il écrit pour survivre.
Boisson et colation sur place.
Mardi 14 ocotobre
L'UCL vous propose un échange avec le collectif Espace Mineur·e·s Trans Toulouse (EM2T) - ouverture 18h30.
L'association EM2T (Espace pour les Mineur·e·s Trans Toulouse) a pour but de mettre en place un nouvel espace d'échanges, d'accompagnements et de rencontres sur Toulouse à destination des mineur·e·s trans, non-binaires et/ou en questionnement et de leurs parent·e·s et proches.
Mercredi 15 ocotbre
Chant et théâtre : Mots brulants - ouverture 19h30.
Mots brûlants qui s'enterrent au sol, nourris d'espoir avant de s'envoler au ciel de la conscience collective.
Mots brûlants des chansons grecques de la résistance depuis les années de la guerre civile et jusqu'à aujourd'hui.
Les voix, le violon et la guitare s'entremêlent pour interpréter ces chansons avec une esthétique moderne, électrifiée et puissante.
Mots brûlants qui nous donnent de la chaleur et de la force.
Mots brûlants qui mettent le feu dans un monde d'oppressions pour créer des nouveaux mondes.
Selini (Katerina Antonopoulou-Wiedenmayer) : chant et textes
Yannis Pournaras : guitare et chant
Christos Papadopoulos : violon et chant
Jeudi 16 octobre
La BAF vous propose un arpentage* du livre "Une brève histoire de la transmisogynie", de Jules Gill-Peterson - ouverture 18h.
Cet ouvrage analyse les violences faites aux femmes trans en les inscrivant au cœur de l'histoire de la modernité et des systèmes coloniaux occidentaux. Afin de prendre la mesure des violences transmisogynes à l'échelle mondiale tout en explorant la diversité des modes de vie marginalisés aujourd'hui regroupés sous l'étiquette "trans", l'autrice nous entraine de New York à la Nouvelle-Orléans, de l'Inde britannique au Brésil.
À travers une approche matérialiste, l'historienne Jules Gill-Peterson propose le concept de "transféminisation" pour retracer les processus politiques par lesquels certaines formes de féminité, souvent racialisées, sont ciblées, notamment par les attaques de la droite et de l'extrême droite.

A partir d'une vidéo de 52 minutes, nous souhaitons animer un débat autour de vagues de mobilisation précédentes, notamment le mouvement des retraites et les émeutes consécutives à la mort de Nahel.
Rattrapé.e.s par le 10 septembre 2025, 2023, une année marquée par le retour de la forme traditionnelle de mobilisation, encadrée et centralisée. Le film tente d'interpréter l'intégration des mouvements aux schémas électoraux et à la constitution du pouvoir des nouvelles gauches. Comment est-ce que quelques semaines plus tard, de manière séparée, les révoltes consécutives à la mort de Nahel sont venues tout bousculer ?
Qu'est ce que l'autonomie dans la lutte ? A qui sert la « composition » ? Quelles sont les perspectives de lutte révolutionnaire autonome aujourd'hui ?
Certaines questions fondamentales sont rarement posées collectivement, et encore moins résolues : Quels obstacles empêchent les soulèvements d'aboutir à une révolution ?
Tous les soulèvements récents (2018-2025) semblent buter contre un "plafond de verre". Aucun n'est parvenu à renverser durablement l'ordre établi. Pourquoi ces moments de désordre ne débouchent-ils pas sur un véritable basculement révolutionnaire ? Comment l'État, dans ces moments de flottement, parvient à se réorganiser, alternant entre répression brutale et récupération politique ?
Mais ne nous limitons pas à la critique des mouvement sociaux français, à l'heure où le train nous passe dessus, en Indonésie et au Népal, ça pète fort, parlons aussi de leurs mouvements, de leurs limites et des imaginaires qu'ils véhiculent.
Les soulèvements récents partagent des caractéristiques communes : dynamique autonome, dépassement de l'identité ouvrière, absence de revendications autogestionnaires. Mais aucun mouvement n'a réussi à désorganiser durablement la production.
Faut-il en conclure qu'il est possible d'attaquer le travail de l'extérieur de la sphère productive ? L'extension du mouvement sous quelle forme ? Destruction et/ou réappropriation des moyens de production ?
Que signifie "abolir l'État" ? Comment vivre sans travail, propriété privée, ni marchandise ? Quelle forme peut prendre l'expression autonome du contenu révolutionnaire ? Comment créer des espaces accessibles pour formuler ces enjeux avant ou pendant un mouvement ?
Si la stratégie et la perspective révolutionnaire ne peuvent être décrétées d'en haut, elles émergeront des luttes elles-mêmes. À nous d'y contribuer, de nous organiser et de porter une vision qui ne se contente pas d'analyser, mais qui en nourrissent les événements.
Comme dans un escape-game, cherchons des ouvertures vers le renversement révolutionnaire de l'état. Posons la question de la Révolution. Pour la victoire !
Mardi 7 octobre
1b impasse Lapujade
18h : projection du Film Révolution 2023
19h : discussion en grand ou petit groupe
Repas partagé en mode auberge espagnole

Au Népal, un mouvement de protestation début septembre 2025 s'est transformé en une insurrection spontanée en réponse à la violence policière, aboutissant à l'incendie du parlement et d'une série de bureaux gouvernementaux, de commissariats, de sièges de partis et de manoirs de politiciens. En un jour et demi, le Premier ministre Khadga Prasad Oli a pris la fuite et le gouvernement s'est effondré. Mais renverser un gouvernement n'est que la première étape d'une lutte beaucoup plus longue ; dans cette agitation, les monarchistes, les néolibéraux et les antiautoritaires se disputent pour déterminer l'avenir du Népal. Pour mieux comprendre le contexte de l'insurrection et les dynamiques qui en découlent, nous avons interviewé Black Book Distro, un collectif anarchiste qui fait tourner une bibliothèque à Katmandou.
Article disponible originellement sur CrimethInc.
L'insurrection au Népal fait partie d'une série de soulèvements qui ont balayé l'Asie ces dernières années. Nous pouvons remonter la piste des événements à 2022, et le renversement du président du Sri Lanka, en a suivi le soulèvement de 2024 au Bangladesh et celui en Indonésie en août 2025, sans parler de la guerre civile en cours au Myanmar. Depuis la chute du gouvernement népalais, d'immenses manifestations ont également éclaté aux Philippines. Cette série d'actions et de mobilisations répondent aux difficultés économiques généralisées et à l'échec des promesses des politiciens.
La complicité des partis communistes institutionnels dans le massacre qui a catalysé le soulèvement devrait rappeler à tous les révolutionnaires en herbe qu'il est impossible de résoudre les problèmes du capitalisme simplement en utilisant la violence de l'État—même si vous avez « communiste » au nom de votre parti. Les impasses que le capitalisme crée pour les gens exigent des changements radicaux. On ne peut pas régler indifiniment les problèmes avec des flics et des réformes négociées dans les couloirs du pouvoir.
De même, cette insurrection devrait faire réfléchir les politicien-nes et les polices du monde entier qui imaginent qu'ils peuvent piller et terroriser en toute impunité. Aujourd'hui, l'argent qu'ils obtiennent peut les protéger des conséquences de leurs actes—mais demain, tout est possible.
Aucune de ces révoltes n'a encore atteint tous ses objectifs, mais alors que les gens du monde entier luttent contre l'oligarchie et la répression étatique, chacune d'elles offre des leçons.

Parlez-nous de vous. Qui êtes-vous et que faites-vous ?
Nous sommes Black Book Distro, un collectif et une bibliothèque anarchiste basé à Katmandou, au Népal, dédié à la politisation par l'éducation sur l'histoire de la gauche ainsi qu'un engagement actif dans les luttes et mouvements populaires qui nous semblent alignés avec nos objectifs (la protestation de Gen Z, le mouvement Meter Byaj [1], mouvement Guthi [2]). Nous vous parlons en tant que mouvement anarchiste sous la répression d'un régime communiste défaillant et d'un Congrés corrompu.

Pouvez-vous nous donner un bref aperçu des mouvements sociaux et des luttes au Népal au cours de la dernière décennie ou des deux dernières années. Quelles ont été les principales préoccupations à l'origine des soulevments populaires ?
Suite à la révolution maoïste [3], le Népal a connu des vagues de bouleversements sociaux, économiques, géographiques et politiques. Les principaux problèmes se situent autour de la discrimination rampante des castes, une épidémie mortelle de trafic de travailleurs migrants alimentée par le manque d'opportunités chez eux, des conflits frontaliers routiniers avec nos voisins dotés d'armes nucléaires, et une corruption politique si intense qu'elle a permis aux monarichistes partout dans le pays de faire un retour en force terrifiant.
Les mouvements populaires pour le changement ont inclus la lutte madhesh pour les droits et la dignité, [4]des manifestations contre la corruption à l'époque du COVID sous la bannière « Enough Is Enough » , des belligérences nationalistes sur des zones frontalières comme Lipulekh, [5]Des grèves de la faim du Docteur KC pour améliorer les infrastructures sanitaires, [6] les résistances aux investisseurs parasites, et la défense des terres communales appartenant au peuple Newar. Ces luttes sont motivées par un tissu social complexe encore empreint par le patriarcat, la caste et la religion, au milieu des efforts constitutionnels vers la représentation, la liberté d'expression, la liberté économique et le fédéralisme.
Le Congrès, les partis maoïstes et marxistes-léninistes, ainsi que des factions royalistes sont les principales organisations politiques. En dessous de cela se trouvent des groupes de jeunes autonomes, des espaces gauchistes et des groupes communautaires autochtones. Historiquement parlant, la plupart des manifestations ont été dirigées ou influencées par les grands partis politiques, bien que les initiatives spontanées de la jeunesse et de la base aient agi de manière de plus en plus indépendante (y compris le récent « soulèvement de la génération Z »).

Comment comprenez-vous les objectifs des participants de la base dans ce soulèvement ? Y a-t-il plusieurs courants avec des objectifs différents ou contradictoires ?
Le mouvement actuel « Gen Z » a ses racines dans le mouvement « Enough Is Enough » mené par des jeunes en 2019, qui se concentrait sur la justice sociale et les questions environnementales au milieu de la mauvaise gestion des revenus pendant la crise du COVID-19. Ce soulèvement initial consistait en plusieurs groupes autonomes soutenus par des citoyens ordinaires, des libéraux et des gens issus de l'extrême gauche, sans direction centrale. Depuis lors, le gouvernement n'a cessé d'intensifier sa surveillance en ligne et ses répressions totalitaires sur la jeunesse, alimentant le mouvement pour devenir ce qu'il est aujourd'hui. Leurs principales revendications sont plus de liberté d'expression, des mesures de lutte contre la corruption et la mise en place d'un gouvernement dont le rayon d'action sera hors de la main mise des différents partis corrompus.
La fusillade mortelle de manifestant-es pacifiques, y compris des étudiant-es inspirés par la philosophie de la série animée « One Piece », a déclenché une indignation générale.

L'insurrection a été décentralisée et spontanée, culminant dans l'incendie du parlement et de la plupart des bureaux gouvernementaux, des maisons de politiciens, des commissariats de police et des sièges de partis, provoquant la chute du gouvernement en moins de 35 heures. Divers courants existent au sein du mouvement : les monarchistes cherchant à restaurer le roi sur le trône, les centristes visent quant à eux de à gagner en influence au sein d'un nouveau gouvernement néolibéral, et les radicaux d'extrême gauche poussent pour un fédéralisme authentique, la laïcité et la participation inclusive des communautés marginalisées. Cette multiplicité d'objectifs reflète les aspirations et tensions complexes au sein du mouvement.
Comme nous le comprenons ici de très loin, les communistes au Népal ont mené un mouvement de résistance pendant de nombreuses années avant de prendre le pouvoir en 2006. Nous avons l'impression que les conflits internes au sein du mouvement révolutionnaire dans son ensemble ont abouti à une série de compromis entre les communistes et la classe dirigeante népalaise. Comment ces compromis ont-ils affecté la société népalaise, en particulier les mouvements de la base plus radicale qui a participé à la lutte populaire, ainsi que les syndicats et d'autres groupes ?
Le succès de l'insurrection maoïste reposait sur son opposition aux vestiges du système « Panchayat », une structure agricole féodale d'oppression par des élites de la caste supérieure alliées à la monarchie sur l'ensemble de la population, qui avait été officiellement abolie en 1990. Cependant, une fois au pouvoir, de nombreux dirigeants maoïstes ont compromis leurs objectifs révolutionnaires pour maintenir le contrôle, en adoptant progressivement des pratiques capitalistes qui reflètent le même système d'oppression qu'ils prétendent avoir détruit. Ces compromis ont sapé leur crédibilité auprès des masses, et les maoïstes sont maintenant largement considérés comme des politiciens corrompus plutôt que comme des révolutionnaires.
Pendant ce temps, les violations des droits de l'homme par les forces militaires et policières ont été généralisées, et la justice reste insaisissable pour les victimes de toutes parts. L'image ternie des politiques de gauche a donné de l'espace au mouvement monarchiste ; même le récent mouvement Gen-Z a intentionnellement interdit aux partis politiques et aux syndicats de participer, craingant que ces entités imposent des programmes égoïstes. En même temps que ça a protégé l'intégrité du mouvement, cela a rendu plus difficile l'organisation pour les gauchistes plus anciens. Heureusement, le mouvement anarchiste émerge tranquillement, avec une acceptation croissante, malgré certaines idées fausses assimilant l'anarchisme au chaos.

Comment la coalition au pouvoir a-t-elle émergé ? Comment comprenez-vous la différence entre les deux partis communistes, et quel est le rôle du Parti du Congrès dans la coalition au pouvoir ?
La coalition au pouvoir a émergé pour obtenir une majorité parlementaire dans un système multipartite fragmenté après la guerre. Les deux partis communistes ont adopté la corruption et les pratiques capitalistes, l'UML [le Parti communiste du Népal (Marxiste unifié–léniniste)] étant actuellement le plus organisé des deux. En raison de leur utilisation abusive des idéologies communistes et des histoires de corruption, le mouvement communiste perd rapidement du terrain, et les membres du parti sont souvent moqués lorsqu'ils revendiquent des identités communistes. Le Parti du Congrès, avec son rôle historique dans la « fin officielle » du régime Rana et du système Panchayat, reste la principale force néolibérale du gouvernement. En 2008, les maoïstes et les marxistes-léninistes se sont alliés pour voter contre le Parti du Congrès, et en 2024, le Congrès et les marxistes-léninistes se sont alliés pour voter contre les maoïstes. Bien que les différences idéologiques les aient autrefois divisés, ces distinctions ont presque complètement disparu aux yeux du peuple.
L'Inde et la Chine appartiennent toutes deux au puissant bloc industriel et commercial connu sous le nom de BRICS. Comment cela affecte-t-il les gens ordinaires au Népal ? Quels groupes aspirent à capitaliser sur le renversement du gouvernement népalais ?
L'impact de l'adhésion aux BRICS sur les Népalais n'est pas encore clair, avec des cercles politiques et intellectuels divisés. Certains considèrent les BRICS comme un moyen de réduire l'hégémonie américaine, tandis que d'autres y voient une extension de l'influence autoritaire chinoise. Le gouvernement népalais a suivi prudemment l'évolution de la relation entre l'Inde et la Chine et n'a pas encore décidé s'il devait participer aux BRICS.
Il reste incertain de savoir quels groupes bénéficieront finalement de la chute du gouvernement, mais aucune décision politique au Népal n'est prise sans l'implication de l'agence de renseignement indienne RAW [Research and Analysis Wing]. La CIA [Central Intelligence Agency] joue probablement aussi un rôle, conformément à son histoire dans les révolutions mondiales. Les principaux dangers incluent des factions royalistes susceptibles de prendre le pouvoir avec le soutien des Indiens, poussées par la politique nationaliste hindoue extrémiste, et la résurgence d'anciennes élites politiques sans changement substantiel. Alors qu'un coup d'État militaire était une menace réelle, il n'a heureusement pas eu lieu.

Le Népal étant un pays enclavé avec une dépendance sociale et économique vis-à-vis de l'Inde, les investissements chinois ont quelque peu changé, avec l'ouverture d'autoroutes reliant le Népal. Pendant que la Chine et l'Inde aiguisent leur rivalité, le Népal, contrairement à d'autres nations partageant la frontière avec les géants géographiques, devient une arène de contrôle et d'équilibre...
Les deux puissances ont jusqu'à présent évité un conflit ouvert, transformant le Népal en une zone d'équilibrage géopolitique. Le Népal, géographiquement piégé entre ces deux géants nucléaires, a des options limitées pour résister à leur bras de fer sans fin. Le blocus du carburant imposé par l'Inde après le tremblement de terre de 2015 était clairement un coup de force lié au mouvement madhesi, que l'Inde a soutenu officieusement. La Chine exerce une influence en exhortant le gouvernement népalais à contrôler les manifestations liées au Tibet. Les liens culturels et l'ouverture des frontières renforcent l'influence de l'Inde, tandis que les investissements chinois, tels que les projets d'autoroutes dans le cadre de l'initiative « la Ceinture et la Route », sont largement accueillis par la population comme des opportunités d'indépendance économique vis-à-vis de l'Inde.
De nombreux obesrvateurs occidentaux examinent la relation du Népal avec la Chine et l'Inde—qui sont tous deux des partenaires commerciaux des États-Unis et d'Israël, bien que la Chine soit perçue comme un antagoniste géopolitique des États-Unis — et concluent que les insurrections au Népal et en Indonésie doivent être soutenues par la CIA et aboutir à des révolutions de couleur conçues pour installer des dictatures alignées sur l'Occident. Qu'est-ce que voud en pensez ?
Bien que l'influence étrangère de l'Inde, de la Chine et des États-Unis soit indéniable, réduire le soulèvement à une révolution de couleur soutenue par la CIA écarte la colère authentique et les sacrifices du peuple népalais. Des millions de personnes se sont mobilisées pour brûler les bâtiments du parlement, les bureaux gouvernementaux et les maisons des dirigeants politiques—non pas parce que des organisations étrangères ou nationales leur ont dit de le faire, mais à cause de décennies d'échec gouvernemental et de corruption. Étiqueter ce mouvement comme une révolution de couleur sape notre solidarité avec des mouvements populaires similaires à travers le monde. Des militants du Bangladesh, d'Indonésie et du Sri Lanka célèbrent les luttes de chacun sans les considérer comme des complots étrangers. C'est un soulèvement populaire né de l'injustice vécue. Si ces soulèvements sont des révolutions de couleur, alors des mouvements mondiaux puissants comme le Printemps arabe et Black Lives Matter le sont aussi. Il est temps pour les observateurs occidentaux de soutenir ces luttes plutôt que de les délégitimer.
Quels liens voyez-vous, le cas échéant, entre le soulèvement au Népal et les soulèvements précédents au Sri Lanka, au Bangladesh et en Indonésie ? De quelles manières ceux-ci ont-ils nourri l'imagination populaire qui a aidé à produire cette révolte ? Quelles sont les différences entre le contexte népalais et ces autres contextes ?
Les soulèvements partagent des points communs évidents, notamment la corruption généralisée, l'exclusion, le pouvoir enraciné détenu par des familles népotistes, la censure gouvernementale et une forte ingérence étrangère. Le Sri Lanka, l'Indonésie et le Népal ont chacun des histoires de mouvements communistes et d'éventuels échecs liés à ces histoires. Un lien intéressant entre le Népal et l'Indonésie est la présence de mouvements antiautoriatires actifs et l'influence culturelle de l'anime « One Piece », qui symbolise pour les jeunes des deux pays leur lutte contre l'autoritarisme.
La principale différence est que le mouvement communiste népalais a réussi à prendre le pouvoir mais s'est ensuite corrompu et a abandonné ses promesses, alimentant la désillusion populaire, alors qu'en Indonésie et au Sri Lanka, le gouvernement communiste n'a pas réussi à prendre le pouvoir.
Sur la base de votre expérience récente au Népal, avez-vous des conseils pour les personnes qui participent à la résistance populaire dans d'autres parties du monde ?
Une résistance efficace doit combiner l'éducation organisée, l'agitation et la préparation à une insurrection de masse spontanée. Préparer les gens à pousser les mouvements sociétaux dans la bonne direction est essentiel, en particulier pour gérer les vides de pouvoir créés lorsqu'un gouvernement s'effondre, qui sont souvent saisis par des forces capitalistes visant à restaurer l'ordre ancien. Les anciennes élites essaieront de reprendre le pouvoir, mais la population révolutionnaire au Népal a démontré un refus féroce, détruisant les infrastructures et affrontant physiquement les dirigeants.
Cependant, ce soulèvement n'était pas entièrement préparé pour ce qui se passera ensuite. Jusqu'à présent, nos efforts se sont concentrés principalement sur l'éducation et les manifestations, sans envisager de structures post-effondrement. Notre conseil aux camarades du monde entier est de se préparer non seulement à la révolte, mais aussi à des structures non hiérarchiques et à la reconstruction sociétale une fois que les régimes tombent.
Que font les anarchistes et les groupes anti-autoritaires au Népal ? Quelles choses concrètes pouvons-nous faire pour soutenir les efforts anarchistes et globalement anti-autoritaires au Népal ?
Des groupes au Népal organisent des ateliers, des discussions, des projections, des expositions, des soirée musicales, ainsi que des actions directes dans la rue. La majorité de nos collectifs anarchistes croient en une organisation sans hiérarchie, favorisant des conversations ouvertes même avec les communistes radicaux qui recherchent véritablement des sociétés égalitaires. Nous croyons que la solidarité au sein du mouvement de gauche est essentielle, donc nous jugeons par les actions plutôt que par l'idéologie seule. Pour soutenir ces efforts, nous exhortons à sensibiliser le public aux violations continues des droits humains, y compris la mort d'au moins 72 manifestants, dont beaucoup de jeunes, tués pour avoir exigé la fin de la corruption et du totalitarisme. Les responsables doivent être confrontés et la justice doit être faite sans délai.

[1] Meter-byaj est une forme de prêt avec des taux d'intérêt exorbitants. Un mouvement est né en opposition a cette mesure dans les années précédentes.
[2] En juin 2019, des milliers de personnes ont pris la rue pour protester contre la mise en place d'une taxe visant à nationaliser et capitaliser sur des fondations religieuses et communautaires. Connu comme “guthi,” ce système pour entrenir les temples, les services publics et l'organisation de festivals est enracinée dans la communauté Newar indigène de la vallée de Katmandou.
[3] La guerre civile a pris fin en 2006.
[4] Un mouvement pour les droits de Madhesis Tharus, les musulmans, et les groupes Janjati au Nepal, avec des vagues d'activités en 2007, 2008, et 2015.
[5] Lipulekh est un passsage dans l'Himalaya sur la frontière entre l'Inde et le Tibet sous contôle chinois. Le gouvernement népalais réclame des territoires au sud de ce passage, qui est sous le contrôle de l'Inde depuis la domination coloniale anglaise.
[6] Chirurgien et medecin activiste, le Dr. Govinda KC a mené 23 grèves de la faim pour demander des réformes.

Un podcast de l'émission Ratures, enregistré et diffusé sur la Clé des Ondes.
Ratures saison 3, septembre les ami.e.s, septembre et on est si heureux de vous retrouver, de retrouver nos fragilités et les beautés de nos ratures de vie. Ce dimanche 7 septembre on attend le 10, on ne va pas vous le cacher, on va même s'emparer des possibles que ce temps peut nous offrir et pour se préparer on vous propose un entretien avec Thomas Lacoste autour de son dernier documentaire intitulé Soulèvements.
Soulèvements - Documentaire. Réalisé par Thomas Lacoste • Écrit par Thomas Lacoste
France • 2025 • 106 minutes • Couleur
Un portrait choral à seize voix, seize trajectoires singulières, réflexif et intime d'un mouvement de résistance intergénérationnel porté par une jeunesse qui vit et qui lutte contre l'accaparement des terres et de l'eau, les ravages industriels, la montée des totalitarismes et fait face à la répression politique. Une plongée au cœur des Soulèvements de la Terre révélant la composition inédite des forces multiples déployées un peu partout dans le pays qui expérimentent d'autres modes de vie, tissent de nouveaux liens avec le vivant, bouleversant ainsi les découpages établis du politique et du sensible en nous ouvrant au champ de tous les possibles.
PODCAST
Ratures Saison 3
Production et réalisation : Aurore Debierre et Rémi Philton

Dans le cadre des journées mondiales du refus de la misère, université populaire de la Maison-phare jeudi 9 octobre à 18h30

Eh bien, le 22, pour commencer…
Serge Quadruppani

Eh bien, le 22, pour commencer…
Serge Quadruppani
Nous avions pourtant été prévenus. De Jean Sarkozy (« Ce mouvement du 10 septembre est une hérésie populaire factuelle dans laquelle le faible se complaît à travers sa suffisance ordonnée polyfactorielle ») à Temps Critiques(« Les concerts de klaxon ici, les concerts de casseroles là-bas n'ont pas plus d'influence que les concerts de supporters partout dans les stades »), en passant par la cohorte de politologues consultés de plus en plus fébrilement, un mois durant, par les médias, les experts en mouvements sociaux nous l'avaient assuré : le 10 septembre serait un non-événement. Force est de reconnaître qu'ils avaient raison. Enfin, presque. Et c'est de ce presque-là qu'il nous importe de repartir, nous qui avons tenté de tout bloquer, et n'avons bloqué presque rien.
Car dans ce presque blocage, nous avons un peu vécu. Et vu deux ou trois choses. Des gens partant au travail que nous retenions une demi-heure et qui sympathisaient avec l'idée de tout bloquer (entre les 2/3 et la moitié des personnes, selon les sources) ; des chauffeurs de poids lourd enchantés de téléphoner à leur patron qu'ils étaient bloqués ; des gens qu'on n'avait jamais vus venant se joindre à l'action ; des gens qui se voyaient depuis des années sans beaucoup se parler, commencer à se parler beaucoup, deux accordéons sur les barrages et deux truck-food venus servir d'excellents repas à prix libre aux bloqueurs. Une crèche sauvage parfaitement organisée pour les parents bloqueurs. Des grumiers, ces monstrueux camions de l'extractivisme forestier, enfin immobilisés. Et nous avons vu que nous, des jeunes, des vieux, multigenrés et poly-intégrés, étions capables de nous organiser et assez bien œuvrer ensemble pour bloquer un nœud de circulation de la force de travail et de la marchandise de 8h à 16h. Nous avons vu aussi qu'entre le 10 et le 18, et après, de multiples actions ont encore été lancées.
Nous avons vu aussi combien la seule évocation d'un mouvement social avait mis en transes les gouvernants, au point de pousser un premier ministre à organiser sa sortie de scène et un ministre de l'intérieur toujours anxieux de se montrer plus facho que les fachos, à faire taper dur comme nous n'avions jamais vu taper, nous qui en avons vu quand même beaucoup, des coups. Nous avons vu que, à l'exclusion des 30% attachés au pétainisme transcendental (seul sens possible, aujourd'hui en France, du mot « patrie ») les habitants gouvernés par l'Etat français étaient en majorité favorables à l'idée qu'il fallait que ça s'arrête.
Bref, s'il n'y a pas eu de mouvement, on a bien perçu un bouillonnement : à Eymoutiers comme à Paris et Rouen, nous avons vu qu'il y avait en ce pays une humeur bloqueuse qui n'attendait que de meilleures circonstances pour s'exprimer. A suivre. La bonne surprise, c'est que cette humeur n'est pas restée enfermée derrière les frontières tricolores. Le mot d'ordre « Blocchiamo tutto » a été repris en Italie, avec une puissance et une ampleur sans commune mesure avec ce qui s'est passé ici. Depuis des décennies, des mouvements contre les réformes des retraites, en passant par celui contre la loi travail, les émeutes dites des banlieues, les cortèges de tête et les gilets jaunes, les Italiens contremplent les résistances française à la normalisation ultra-libérale avec un mépris ricanant, quand ils servent cette mise au pas (c'est le cas de la totalité des gouvernants et de la presse dominante), ou avec envie (quand ils y sont opposés). C'est évidemment cette deuxième catégorie qui a repris avec enthousiasme l'idée de tout bloquer, et cela, non pas à propos d'une liste d'injustices particulières, mais contre une injustice universelle, le crime qui sera la tombe de l'Occident libéral, le génocide en cours à Gaza. D'où il appert que, contrairement à ce que racontent les camarades de TC (où l'on croit pourtant savoir que les tifosi ne manquent pas), les clameurs des stades admirant de beaux mouvements collectifs peuvent influer sur le jeu.

Le lundi 22 septembre, sous le mot d'ordre Blocchiamo tutto, manifestations et grèves dans toute l'Italie en solidarité avec la Palestine. A Naples et à Rome la gare centrale a été envahie et les voies occupées… Autoroutes bloquées à Rome et à Milan… Des centaines de milliers de personnes dans les rues de plus de 80 villes. Les grands journaux, Repubblica comprise titrent sur quatre vitrines brisées pendant l'occupation de la gare de Milan. Le lendemain, l'ami Antonio Paolacci écrivait dans un post : « Des fleuves de gens dans les rues de toutes les villes. Ports bloqués, gares bloquées, autoroutes bloquées. Je vous dis juste ça : plus ils vous parlent de « juste quatre vitrines cassées », plus il est évident qu'ils ont peur, peur qu'on parle de l'action la plus massive et partagée à la base des deux dernières décennies. Et s'il vous plaît, vous pouvez bien croire que ce soit une erreur, vous pouvez toujours avoir une autre opinion, vous pouvez penser que c'est inutile, que « ça n'arrêtera pas la guerre » (vous pouvez même continuer à appeler « guerre » un génocide), mais quelques questions sur pourquoi on ne vous parle que de quatre personnes qui cassent quatre trucs, au lieu de ce qui vous concerne vraiment, là, franchement, moi, je me poserais quelques questions »

Les digues ont cédé
Extraits de l'éditorial de la revue Contropiano, giornale communista on line.
En Italie, lundi 22 septembre, il s'est passé quelque chose qui a une signification politique énorme, qui marque probablement la fin de la « passivité sociale ».
Une grève générale appelée par un syndicat comme l'USB [Union syndicale de base, comparable à Solidaires] – important, mais n'ayant certes pas les dimensions des deux formations de régime qui dominent encore le panorama syndical – s'est unie au sentiment de de rébellion pacifique de millions de personnes qui assistent depuis deux ans à un génocide en direct à la télévision.
L'ensemble des associations et des organisations qui avaient lancé la mobilisation était certes vaste, comme il était déjà advenu tant de fois, mais jamais il n'avait mis en mouvement une masse de gens comme celle qu'on a vu hier.
La question à laquelle il faut répondre est terriblement simple et compliquée : qu'est-ce qui unit cette masse ? Qu'est-ce qui la fera tenir ensemble, la fera croître, dans les mois et les années à venir ?
Essayer d'isoler l'aspect de « conflit économique », typiquement syndical, par rapport à l'aspect politique, social, humain, devient aujourd'hui impossible. La réalité du monde actuel tient ensemble, sans possibilité de séparation, les « données structurelles » et l'univers des contradictions sociales, ou seulement « de valeurs ».
Ceux qui l'ont compris les premiers, ce sont ces travailleurs qui ont forgé le mot d'ordre « Baisser les armes, hausser les salaires » (Giù le armi, su i salari). Parce que jamais comme aujourd'hui il n'est apparu, on n'a senti sur sa propre peau, la chaîne qui relie l'appauvrissement de ceux qui ont pourtant un travail, et la guerre à nos portes.
(…)L'horreur, l'horreur pure, est désormais la marque véritable de la « civilisation occidentale », de Washington à Tel Aviv.
A tout cela et beaucoup d'autres choses encore, cette masse de gens descendue dans la rue a la prétention de dire « ça suffit ! ». Elle le prétend en sachant très bien que les divers gouvernements et ensembles de gouvernements (Europe, Otan, etc.) sont complètement sourds et aveugles.
Une horreur qui va logiquement au-delà du « simple » conflit de classes, de l'affrontement sur les salaires, les avantages sociaux, la santé, la liberté individuelle (à part celle de faire de l'argent). Mais qui comprend aussi en elle tous ces thèmes sur lesquels chacun, dans une mesure différente, chaque jour vérifie le caractère invivable de ce système d'accumulation. Non pas de « vie », mais de son contraire…
La démonstration empirique est arrivée – de manière absolument inattendue – des automobilistes bloqués dans la circulation, applaudissant ouvertement les manifestants qui pourtant les « gênaient ».
S'il en est ainsi, comme il nous a semblé en parcourant l'immense cortège de Rome et aussi d'autres, nous devons en premier lieu reconnaître que cette masse de gens – travailleurs, étudiants, retraités, mères, etc., est à la recherche d'une représentation surtout d'idées, de valeurs, de culture, au sens large.
C'est beaucoup plus qu'une « représentation politique » pour laquelle voter aux prochaines élections, mais quelque chose de plus authentique, profond, durable, dans l'espoir de changer totalement l'égout dans lequel nous étouffons. Une vision du monde soutenue par des forces organisées peut-être encore minoritaires, mais sûrement pas prêtes à échanger des valeurs idéales contre un fauteuil.
Quelque chose est né. C'est un bloc social atypique, par rapport au passé lointain. Mais au fond, nous sommes en d'autres temps – en des temps de guerres et donc de révolutions – et nous ne pouvons ni ne devons chercher le « déjà connu » pour affronter l'inconnu. C'est un nouveau paysage, qui réclame de nouvelles lunettes.
Travailler avec attention et respect pour qu'il croisse, se consolide, s'éclaircisse autour de toutes sortes de thèmes est la précondition pour espérer le faire toucher au but. Celui d'un monde sans suprématismes de classe ou de religion, et donc sans exploitation, sans guerres et sans génocides.
On sait que le mouvement a été si puissant que, malgré les calomnies accumulées en le prétendant aux mains des « violents », la très trumpiste Meloni n'a pu faire autrement qu'envoyer un navire de guerre pour « assister les ressortissants italiens » à bord de la Global Sumud Flottilla. On sait que les dockers ont annoncé qu'ils bloqueraient les ports dès la première attaque israélienne. Hier encore une énième manifestation monstre à Gênes s'est accompagnée du blocage d'un navire qui devait apporter du matériel sensible en Israël, et qui a dû repartir à vide.
Camarades italiens, mon impression est que l'analyse de Contropiano touche juste, et si tel est bien le cas, c'est à notre tour de vous envier. Vous nous montrez la voie : « Essayer encore. Rater encore. Rater mieux ». Jusqu'à ce que ça marche.
Après tout, on n'a pas vraiment le choix. C'est ça, ou le fascisme génocidaire, d'abord dans les périphéries de l'Occident (Ukraine, Gaza, Soudan…), puis bientôt, et de plus en plus, en son cœur.

La flotille de tête pour Gaza a été arrêtée par l'armée génocidaire dans les eaux internationales. Rassemblements partout en France !